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depuis le grade de capitaine inclusivement et au-dessus, se remontent à leurs frais ; la solde des officiers correspond d’ailleurs à cette obligation ; ainsi le capitaine de cavalerie allemand, tenu de posséder trois chevaux, reçoit les émolumens d’un lieutenant-colonel français.

Les lieutenans de cavalerie et des batteries à cheval de l’artillerie, seuls, ont droit à une monture gratuite[1] tous les cinq ans ; après ce laps de temps, elle devient leur propriété. Ils sont également obligés de posséder un second cheval acheté de leurs deniers.

Quant aux lieutenans des autres armes qui doivent être montés, ils reçoivent, de cinq en cinq années, une indemnité fixe de 1,031 fr. 25 ; des avances leur sont faites, sur leur demande, quand ils achètent un cheval.

En résumé, les règles qui sont en vigueur en Allemagne, relativement à la remonte, paraissent garantir avec une extrême prévoyance les finances de l’état et les intérêts généraux de l’armée.

Le principe de la fixité immuable des effectifs est appliqué dans toute sa rigueur, grâce à un ensemble de mesures dont les principales sont : 1° l’envoi annuel, dans chaque unité, d’un nombre invariable de chevaux de même âge ; 2.° le déclassement annuel d’un nombre de chevaux équivalent ; 3° l’institution des Krümper ; 4° la constitution dans chaque corps de troupes à cheval d’une masse de remonte qui permet de remplacer par achat direct et presque instantanément, non-seulement tout cheval qui vient à disparaître, mais encore tout animal qui, pendant le cours de ses deux années de dressage, semble ne pas présenter les qualités d’allures, de fond, de tempérament ou de caractère jugées indispensables pour le service dans le rang ; 5° l’interdiction absolue à qui que ce soit de puiser dans l’effectif d’une unité constituée, sous quelque prétexte que ce soit.

Il ressort de ces prescriptions que l’effectif légal et budgétaire de chaque unité de l’armée allemande est toujours au-dessus du complet, puisque les montures des volontaires d’un an et les Krümper n’y sont pas compris, ne comptant pas comme rationnaires.

Parmi les causes qui doivent le plus contribuer à assurer le bon emploi des ressources chevalines de l’armée allemande, il faut citer : 1° l’institution des dépôts de remonte, c’est-à-dire d’élevage, qui, permettant de soumettre les chevaux achetés chaque année, dès l’âge de trois ans, par les commissions de remonte, à un régime spécial de demi-liberté, leur donne des qualités de rusticité, d’endurance et de docilité très remarquables ; 2° l’homogénéité de la

  1. Ou à l’indemnité correspondante.