Page:Revue des Deux Mondes - 1889 - tome 91.djvu/337

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

annexions de territoire qui suivirent la guerre de 1866 amenèrent celle de trois[1] autres ; enfin, le nombre de ces établissemens a été encore augmenté de trois depuis 1871.

Les dépôts de remonte de la Prusse desservent son armée ainsi que les contingens administrés par le ministère de la guerre prussien[2]. Les trois royaumes de Saxe, de Wurtemberg et de Bavière ont conservé des systèmes de remonte particuliers. Ils sont néanmoins tributaires de la Prusse, qui fournit à peu près tous leurs chevaux de cavalerie. Le royaume de Saxe, qui forme le 12e corps d’armée allemand, traite directement avec des fournisseurs ; la presque totalité des chevaux stipulés dans les marchés est achetée en Prusse.

Le royaume de Wurtemberg, qui forme le 13e corps d’armée, prend dans les dépôts de remonte de la Prusse, contre remboursement des frais d’élevage, les chevaux qui lui sont nécessaires. La moyenne de ces frais, établie chaque année, est de 312 fr. 50 par tête de cheval. La Saxe et le Wurtemberg se désintéressent absolument de la production et de l’élevage du cheval d’armes.

Le royaume de Bavière, au contraire, a depuis 1872, calqué ses institutions sur celles de la Prusse. Il possède cinq dépôts d’élevage, ainsi qu’une commission d’achat de chevaux de remonte, qui fonctionnent comme en Prusse ; mais, fait caractéristique, c’est en Prusse que cette commission va chercher ses chevaux. Cependant, dès la fin du XVIe siècle, les princes de la maison de Wittelsbach faisaient de grandes dépenses pour développer la production chevaline ; ils n’ont jamais cessé de s’y intéresser, sans toutefois adopter une ligne déterminée ; aujourd’hui encore, le gouvernement accorde une notable majoration de prix pour tout cheval né et élevé en Bavière que la remonte achète. Néanmoins, l’élevage fait peu de progrès et recherche surtout le cheval étoffé ; peu soucieux de déférer aux recommandations des mandataires de l’armée et des haras, les éleveurs, malgré l’exemple si concluant de la Prusse, ne sont pas plus d’accord sur le but que sur les moyens. Il en résulte que la commission d’achat de chevaux de remonte spéciale pour la Bavière ramène annuellement dans les dépôts du pays environ 1,000 jeunes chevaux d’origine prussienne. D’ailleurs,

  1. Dont l’un, Oberseenerhof, supprimé le 12 mars 1887, ce qui porte à quatorze le nombre de dépôts prussiens.
  2. Dans leurs conventions militaires avec la Prusse, les grands-duchés de Mecklenbourg-Schwerin et Strelitz s’étaient réservé, dans l’intérêt de l’élevage local, le droit de remonter leurs contingens particuliers en chevaux faits, qu’ils achetaient directement ; ils y ont renoncé en 1886 et reçoivent aujourd’hui des dépôts de remonte prussiens les 161 chevaux qui leur sont annuellement nécessaires.