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débattu, des animaux achetés à trois ans ; 3° l’envoi des jeunes chevaux dans les régimens, qui seraient alors autorisés à louer des prairies, à proximité de leurs garnisons, pour les mettre au pacage en liberté. Aucune de ces solutions ne donna des résultats satisfaisans. Aussi, après expérience, le grand-écuyer de la cour, M. de Burgsdorff, directeur des haras de Prusse[1], reçut pour mission de rédiger un projet d’organisation des dépôts de remonte, conforme aux propositions du ministre de la guerre. Comme sanction du rapport que le grand-écuyer lui avait remis le 3 septembre 1820, le ministre de la guerre adressait au roi, le 10 novembre de la même année, la demande formelle suivante : « Que le ministre des finances reçoive de votre Majesté l’ordre de me donner notification de tous les domaines de l’état, situés dans les provinces de Prusse et de Lithuanie, qui ne seraient pas affermés, ou dont les baux de fermage arriveraient à leur terme ; je ferai examiner s’ils conviennent à l’établissement de dépôts de remonte, et je réclame le droit de les louer aux conditions du précédent bail. » Le 26 novembre 1820, Frédéric-Guillaume III donnait son adhésion au projet ministériel et, par ordre du 10 mai 1821, prescrivait au ministre de la guerre de faire acheter, en sus des chevaux nécessaires pour la remonte de l’année, un nombre égal de jeunes chevaux destinés à peupler les dépôts.

Entre temps, les principes préconisés par l’administration des haras, de concert avec l’autorité militaire, en matière d’amélioration des races, commençaient à porter leurs fruits. L’importation du pur sang anglais en Prusse avait commencé, à la fin du dernier siècle, par l’achat de trente étalons en 1796. La période des guerres de la révolution et de l’empire ne fut pas favorable à l’élevage ; néanmoins, les événemens politiques, en amenant les coalitions contre la France, resserrèrent les relations avec l’Angleterre, et il s’établit un mouvement hippique constant entre les îles britanniques et le nord de l’Allemagne : le Hanovre servait de trait d’union. Dès lors, le courant des importations orientales diminuait peu à peu et devenait très rare. Après la conclusion de la paix, on se remit à l’œuvre, en ayant recours aux reproducteurs tirés d’Angleterre. A la même époque (vers 1820), de grands propriétaires, des amateurs de chevaux de la région du Nord, en tête desquels il faut citer le duc de Slesvig-Holstein-Sonderbourg-Augustenbourg, entreprenaient l’élevage du pur sang anglais sur une grande échelle et inauguraient les courses. Le mouvement en faveur du sang

  1. M. de Burgsdorff a gardé pendant vingt-huit ans le commandement du haras de Trakehuen (1814 à 1842).