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régimens au point de vue de la guerre, et de l’instruction normale de la cavalerie. En effet, la remonte s’étant opérée dans des conditions défectueuses pendant les guerres de l’empire, il se trouvait dans les escadrons un nombre considérable d’animaux à réformer, et le chiffre des incorporations annuelles dépassait de beaucoup la proportion accoutumée. À ce compte, les deux cinquièmes des chevaux eussent été incapables d’être mobilisés, tout en réclamant les soins de nombreux cavaliers et de cadres distrait »» de tout service réellement militaire.

De plus, la stabulation prolongée à l’écurie pour des animaux en état de croissance, et qu’il est impossible de faire travailler sans les tarer, eût amené leur prompte ruine. C’est de la recherche d’une solution pratique à donner à ces diverses questions qu’est née, en 1821, en Prusse, l’institution des dépôts de remonte, dont l’idée première doit être attribuée au roi Frédéric-Guillaume III.

Dès le début de son règne, ce prince, frappé des raisons que nous venons d’énumérer, avait chargé le général de Günther de rédiger un projet d’organisation de ces dépôts. Dans un rapport daté du 24 novembre 1800, celui-ci proposa de créer six dépôts de remonte, dont il indiquait l’emplacement, pouvant, chacun, contenir 550 jeunes chevaux. Les animaux, achetés à trois ans, y séjourneraient pendant deux ans ; ils seraient mis au vert, en liberté, du 1er juin au 1er octobre, et, le reste de l’année, rentrés à l’écurie, recevraient une ration d’entretien. Frédéric-Guillaume II, tout en approuvant ce projet, le soumit à l’examen du ministre d’état chargé de contrôler le calcul des dépenses. Or, à cette époque, l’élément militaire n’avait pas pris encore la prépondérance qui, après les désastres de 1806, lui a été reconnue dans les conseils des rois de Prusse, et qu’il a toujours gardée depuis lors. Le ministre d’état, M. de Schrötter, se prononça énergiquement pour le maintien du statu quo en matière de remonte, et, malgré le rapport favorable de tous les hommes spéciaux, fit rejeter le projet comme source d’inutiles dépenses. Bien qu’à regret, le roi se fit un devoir d’approuver la conclusion de son ministre d’état (lettre du 18 octobre 1802). C’est donc seulement en 1816 que l’idée fut reprise par le général de Boyen, ministre de la guerre. Toutefois, il n’arriva pas d’emblée à la solution définitive, car il accepta de faire l’épreuve de systèmes différens. Les adversaires du projet ministériel formulaient trois propositions principales, pour éviter la création de dépôts de remonte : 1° l’achat des chevaux à trois ans et demi, avec obligation pour l’éleveur de garder chez lui, pendant un an et moyennant une indemnité fixe, les animaux vendus à la remonte ; 2° la mise en dépôt chez des cultivateurs de bonne volonté, à prix