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où les transactions ont subi, comme il arrive chaque année, un ralentissement marqué, a été la cherté présumée des taux de report. A Londres et à Berlin, où la liquidation précède de quelques jours celle de Paris, l’argent a été plus abondant peut-être qu’on ne l’avait supposé, mais en même temps tenu à haut prix. La spéculation toutefois ne s’en est pas montrée effrayée ; aucune réaction n’a eu lieu sur les fonds russes, portés par le grand succès de l’emprunt émis au commencement du mois, ou sur le 4 pour 100 hongrois, dont le syndicat puissant des maisons Rothschild et du Crédit mobilier d’Autriche surveille attentivement le marché en vue des premières opérations pour la conversion des anciennes dettes amortissables de la Hongrie.

L’Italien a reculé de 96.52 à 96.40, sur la démission du ministre des finances, M. Magliani, qui a renoncé à trouver les expédiens de trésorerie avec lesquels il lui aurait fallu pourvoir aux dépenses militaires votées par le parlement. M. Magliani avait proposé des augmentations d’impôts que la majorité n’a pas voulu adopter. M. Crispi éprouve quelque peine à remplacer l’homme qui depuis si longtemps avait gardé la direction des finances italiennes.

L’Extérieure a été portée de 72 3/4 à 73 ¼. La question ministérielle a été promptement résolue. Le nouveau ministre des finances d’Espagne inspire confiance, et il n’est plus question d’emprunt, pour l’instant tout au moins, une grande opération de crédit restant nécessaire au cours de l’année 1889. Le Portugais, très ferme, à 65 1/2.

Les valeurs turques sont bien tenues, en prévision d’une émission prochaine du solde des obligations des Douanes non placées lors de l’emprunt récemment lancé en Allemagne.

Il est intéressant de voir quelle a été la marche des principaux fonds d’état depuis un an, les différences étant considérables et à peu près toutes dans le sens de la hausse.

Le 31 décembre 1887, le 3 pour 100 français était à 80.90, l’amortissable à 84.95, le 4 1/2 à 106.90. Près de deux unités de hausse sur les deux 3 pour 100, plus de deux unités de baisse sur le 4 1/2, tel a été le résultat pour nos fonds publics. L’amortissable et la rente perpétuelle ont profité de tout ce que perdait le 4 1/2 voué à la conversion dans quelques années. Récemment, ce fonds avait reculé jusqu’au-dessous de 104 francs. Il a paru alors bon marché à la fois aux capitalistes et à la spéculation ; dans les deux dernières bourses de l’année des arbitrages de banquiers ont pesé sur les cours du 3 pour 100 et relevé le 4 1/2 à 104.37.

L’Italien, après de nombreuses fluctuations, est encore coté 0 fr. 40 plus haut qu’il y a un an ; la situation financière et économique de la péninsule ne s’est cependant nullement améliorée, loin de là, pendant cette période.