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« par ses efforts en faveur de la paix, saurait rendre superflues des dépenses hors de toute proportion avec les ressources du pays. » Un autre député aussi spirituel qu’éloquent, M. d’Arco, a dit avec une mordante ironie au président du conseil qu’il était décidément un ministre trop grand, trop majestueux, trop impérial pour l’Italie, qui a besoin avant tout de songer à ses affaires, d’avoir une politique plus circonspecte et plus réservée. Bref, on trouve que c’est trop se ruiner en dépenses militaires uniquement pour fournir des contingens à des alliés dans des conflits où l’Italie n’a que faire. On croit que la politique remuante, provocatrice, querelleuse de M. Crispi n’est qu’une agitation décevante ou qu’elle conduirait fatalement à une guerre avec la France, que le bon sens national désavoue. Tout cela s’est dit ; il se forme même des associations dont l’objet est de faire revivre la cordialité dans les relations de l’Italie et de la France. Que les Italiens, au lieu de se laisser éblouir par les fantasmagories, ne s’inspirent que de leurs intérêts, c’est ce qu’ils ont de mieux à faire ; c’est la meilleure politique qu’on puisse leur souhaiter pour l’année nouvelle !


CH. DE MAZADE.


LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE

Deux incidens graves se sont produits au début de la seconde quinzaine de décembre et ont paru devoir assombrir fortement les derniers jours de l’année 1888 : la crise du Panama et la suspension de paiemens d’un membre de la compagnie des agens de change.

M. Bex, l’agent en déconfiture, s’est enfui. Après quelques jours, on a appris qu’il s’était tué en Suisse. On ne sait pas encore avec précision le montant du déficit de la charge, bien que de divers côtés on l’ait évalué à 8 ou 10 millions. On ne sera fixé sur ce point que dans les premiers jours de janvier. En attendant, la chambre syndicale des agens de change, qui vient de renouveler son bureau pour 1889, n’a pris et ne pouvait prendre aucune résolution. Il n’y aura point lieu, croit-on, à la faillite, et les opérations laissées en suspens ne semblent pas de nature et d’importance à amener des complications sur le terrain de la Bourse.