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les plus importans sont les chaînes montagneuses d’Ahaggar et de Tibetsi, qui traversent la partie centrale du désert, dans le pays des Touareg et dans la Tripolitaine. Mais, malgré leur développement quelquefois très considérable, les groupes montagneux ne constituent qu’un trait peu saillant dans la physionomie générale du Sahara ; ils n’occupent qu’une surface de 200,000 kilomètres carrés (moins que la trentième partie de la superficie du désert), et disparaissent presque dans l’immense étendue de ce dernier.

Le caractère topographique du Sahara se résume en trois types principaux, savoir : déserta plateaux ou hammada ; désert d’érosion (sebkha, djuf, chott) ; désert sablonneux proprement dit (areg).

Le hammada est le type le plus étendu ; il occupe 5 millions de kilomètres carrés. C’est le désert dans son vrai sens, consistant en surfaces à sol solide, pierreux. À ce type de plateaux et de terrasses se rattachent des hauteurs incertaines, bien qu’elles soient indépendantes de la constitution topographique des hammada ; elles sont désignées par le nom significatif de témoins, et ne sont évidemment que les restes des terrasses actuelles.

Dans la partie centrale du Sahara, où les terrasses s’élèvent à 800 ou 1,000 mètres au-dessus du niveau de la mer, le hammada acquiert graduellement un caractère montueux. Les plus hauts plateaux de l’Ahaggar et du Tibetsi dépassent de plusieurs centaines de mètres le niveau de la contrée limitrophe et atteignent une altitude absolue de 1,500 à 2,000 mètres ; leurs parois, le plus souvent verticales et diversement fissurées, revêtent les formes les plus fantastiques à la suite de la décomposition des roches.

Les déserts d’érosion sont particulièrement riches en bassins lacustres qu’on désigne par les noms de sebkha, djuf ou chott quand ils forment des excavations closes par des bords rocailleux.

Enfin, le troisième type est caractérisé par les sables et les dunes et nommés areg, remel et igidi ; c’est la plus désolante et la plus terrible des formes désertiques. Heureusement, à peine la neuvième partie du Sahara appartient à ce type.

Les dunes sont composées d’un sable quartzeux, de teinte jaune clair, contenant généralement du gypse. Elles forment quelquefois des rangées de buttes de 50 à 150 mètres de hauteur. Dans le Sahara oriental, leur direction dominante est du nord-nord-ouest au sud-sud-est, et dans le Sahara méridional, du nord au sud. Ces directions ne sont pas toujours l’expression des directions prédominantes des vents. En tout cas, les dunes du désert sont susceptibles de mouvement à l’instar des dunes marines et, de même que ces dernières, elles sont quelquefois stratifiées.

L’origine des prodigieuses masses de sable qui revêtent le Sahara, et dont le désert libyen est le représentant le plus grandiose, est l’objet