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LE
SAHARA

L’un des phénomènes les plus intéressans que présente la surface de notre globe, c’est la répartition des régions favorables à l’existence de l’homme, et de celles dont il est plus ou moins exclu, en dépit de leur situation géographique. Ce qui frappe tout d’abord, c’est l’immense étendue des régions inhospitalières. Mais, tandis que plusieurs des régions, désertes aujourd’hui, ne l’ont pas toujours été, et par conséquent pourraient devenir habitables de nouveau, parce que leurs conditions physiques n’ont pas été sensiblement altérées, il en est d’autres où ces conditions ont subi des modifications trop graves pour que l’homme puisse s’y soumettre, en sorte que ces contrées sont condamnées à être des solitudes perpétuelles.

Parmi toutes les régions désertiques de notre globe, le Sahara est sans doute la plus importante, non-seulement par son étendue, mais aussi par son passé et son avenir. C’est sous ces divers points de vue que j’essaierai d’étudier le Sahara, dont j’ai eu l’occasion de visiter moi-même une partie.


I

La délimitation de la vaste contrée qui porte le nom collectif de Sahara a été diversement tracée par les géographes. Je ne rapporterai que l’opinion des auteurs les plus récens et les plus compétens. Le professeur Zittel admet pour le Sahara les limites suivantes : au nord, l’Atlas et la côte méditerranéenne ; à l’ouest, l’Atlantique ; à l’est, la chaîne bordière de la Mer-Rouge ; enfin, au sud, la