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formant le privilège des créanciers, devrait être affecté à l’amortissement ; il sert, au contraire, à couvrir un déficit de pareille somme existant dans le budget administratif. D’un autre côté, le conseiller financier reconnaît, dans une note remise au président du conseil à l’appui du budget, qu’il a compté sur diverses recettes évaluées à 0 millions de francs environ, dont la réalisation sera difficile ou ne s’effectuera qu’imparfaitement. Il est donc permis de supposer que le compte de l’exercice 1888 se soldera par un déficit de 7 à 8 millions au maximum, et que, sous ce rapport, il aura une très malheureuse ressemblance avec ses aînés.

Il est encore un point du budget sur lequel il convient de se livrer à quelques réflexions. L’impôt foncier constitue la principale ressource du gouvernement égyptien ; son produit est porté au budget de 1888 pour l’énorme somme de 134 millions, répartis sur 4,885,968 feddans de terre ; l’impôt par feddan est donc de 65 fr. 75 par hectare. Dans aucun pays du monde la terre n’est si fortement imposée, et maintenant l’on comprend pourquoi le fellah est de tous les êtres le moins heureux, et celui qui retire de cette terre qu’il cultive avec tant d’amour le moins de profit. Ce qui complète la situation, c’est que l’impôt est aussi mal réparti que possible, et cela malgré les diverses tentatives faites par les Anglais pour obtenir un meilleur résultat. Toutes ont piteusement échoué.

Malgré l’aridité du sujet et la pesanteur spécifique du chiffre, il faut bien, si l’on veut connaître l’Egypte, être mis au courant de ce que sont ses ressources. Voici aux contributions directes, dans les sommes à recouvrer en 1888, des indications intéressantes : l’impôt professionnel donne 915,000 francs ; celui des propriétés urbaines, 743,000 francs ; les moutons et les chèvres, 200,000 fr. ; voitures et pressoirs, 60,000 francs.

Le produit brut des contributions indirectes est évalué comme il est indiqué aux chapitres suivans : douanes, 26,265,000fr. ; octrois, 8 millions ; pêcheries et droits de navigation, 4,151,000 fr. ; timbre et enregistrement, 2,550,000 fr. ; droits divers, 2,287,000 fr.

Les chemins de fer, qui font partie de ce qu’on appelle les administrations de recettes, donnent 33,385,000 francs ; les paquebots-poste, 3 millions ; les télégraphes et les postes, 3,800,000 francs ; le port d’Alexandrie et les phares, 4,726,000 francs ; les ports (autres que ceux d’Alexandrie), 87,000 francs.

Je dois faire remarquer, en passant, que l’Egypte est le pays dont le réseau des voies ferrées est le plus développé proportionnellement à sa surface, mais non à la densité de sa population. Mille kilomètres de canaux, plus les deux grandes branches du Nil,