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celui qui le rédige et le pare en quelque sorte qui en connaisse à fond les finesses, les replâtrages, les déceptions prévues et les regains probables, mais l’ensemble est toujours instructif, et celui de l’Egypte l’est tout comme un autre.

Pour rendre intéressant, autant que possible, celui que je vais très sommairement résumer, afin de ne pas ensevelir le lecteur sous une avalanche de chiffres, il est bon de faire l’historique des dettes et emprunts divers de l’Egypte. Ne pas connaître la composition des charges que supporte ce pays serait n’en rien savoir. Il en est de même d’un individu, des familles : est-ce bien les connaître que d’en ignorer les ressources et l’étendue de ces ressources ? C’est un travail hérissé de dates et de nombres, mais qui doit trouver grâce auprès des financiers ; il n’est même écrit que pour eux.

Emprunts divers contractés par le gouvernement égyptien de 1862 à 1870.— Ils s’élevaient originairement à 1 milliard 637 millions de francs nominaux. En mai 1876, ils se trouvaient réduits par suite d’amortissemens successifs à 1 milliard 369 millions de francs. À cette époque, un décret avait décidé l’unification de la dette égyptienne, celles de la daïra Sanieh et du gouvernement, puis la constitution d’une dette générale portant intérêt à 7 pour 100, remboursable en soixante-cinq ans. La dette, une fois totalisée, devait s’élever à 2 milliards 275 millions de francs, y compris la majoration du capital à accorder aux détenteurs des titres qui rapportaient plus de 7 pour 100. Mais ces prévisions étaient insuffisantes, et, à la suite des travaux de la commission d’enquête, il fut reconnu qu’il fallait emprunter plus de 350 millions, tant pour liquider les dettes antérieures à 1876 que pour combler les déficits des années suivantes.

Cette fâcheuse découverte fut cause que le décret de mai 1876 ne reçut pas son exécution ; on le modifia par une loi du 18 novembre même année, qui arrêta aux chiffres suivans les sommes dues : à 109,815,400 francs les emprunts 1864, 1865 et 1867, emprunts à court terme laissés en dehors de l’unification ; à 1 milliard 475 millions la dette unifiée, et à un capital nominal de 425 millions les obligations créées avec privilège sur les revenus des chemins de fer et du port d’Alexandrie. Il fut convenu que l’on ne comprendrait pas dans la dette unifiée les 220,385,000 francs des dettes consolidées et flottantes de la daïra Sanieh. La dette totale de l’Egypte restait donc réduite à 2 milliards 230 millions. La différence entre cette somme et celle du 7 mai provient de la suppression ou de la réduction des majorations qui devaient être accordées à certaines dettes au moment de l’unification.

Emprunts à court terme. — Le capital nominal des emprunts 1864, 1865 et 1867, était, au 18 novembre 1876, de 110 millions