Page:Revue des Deux Mondes - 1889 - tome 91.djvu/177

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

au début du nouveau khédiviat, fut édictée le 17 juillet 1880, sur la proposition de commissaires désignés par les gouvernemens d’Allemagne, d’Autriche-Hongrie, de France, de Grande-Bretagne d’Italie et de Russie. Elle eut pour objet d’établir, ainsi que je l’ai démontré et que je le rappelle en peu de mots, les bases d’après lesquelles s’effectueraient et s’effectuent toujours les services de la dette consolidée, les dispositions prises pour en payer les intérêts, de notifier la suppression des emprunts 1864 et 1867, de faire connaître les attributions de la caisse publique, de définir les propriétés de l’état et les propriétés des daïras Sanieh et Khassa, toutes deux propriétés du khédive, ce qui devait former la liquidation de la dette consolidée, et enfin d’abroger la loi de la moukabala, loi qui libérait à perpétuité les propriétaires de tout impôt foncier s’ils payaient, par anticipation, la moitié des impôts de plusieurs années.

Le 18 novembre 1876, la dette nationale égyptienne accusait l’énorme chiffre de 113,573,301 livres sterling, qui, à 25 francs la livre, font près de trois milliards[1].

De 1876 à 1887, l’amortissement a été de 260 millions de francs.

L’Egypte a donc aujourd’hui un passif de 2 milliards 575 millions 700 mille francs. Sauf 1 million de livres sterling employé par les ingénieurs anglais pour de nouveaux travaux d’irrigation, l’augmentation de la dette nationale est due à ce que le trésor a payé les dettes antérieures à 1876, les déficits des années 1877 à 1885, et les indemnités revenant aux personnes qui ont souffert du pillage et des incendies de la ville d’Alexandrie.

C’est un Anglais, M. Edgar Vincent, bien connu de ceux de nos compatriotes qui ont visité les bords du Nil, qui est le conseiller financier ou, pour mieux dire, le ministre des finances d’Egypte. En voyant annuellement s’accroître le passif du budget de ce malheureux pays, si richement favorisé cependant par le soleil et l’eau, on soupçonne que les conseils du conseiller financier laissent à désirer. Il prépare, me dit-on, de nouveaux emprunts : si le fait est exact, il est permis d’affirmer que les affaires d’Egypte, — à ce point de vue comme à tant d’autres, — sont entre les mains de personnes inférieures à leur tâche[2].

Rien de mieux pour connaître la situation matérielle d’une nation que d’en éplucher le budget ; il n’y a guère, évidemment, que

  1. En réalité 2,839,332,525 francs.
  2. Un nouvel emprunt de 60 millions de francs rient d’être réalisé, et on annonce une prochaine émission de 80 millions.