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on songea à reprendre les réformes projetées par la commission d’enquête. Le premier décret que signa le khédive, à la date du 10 août 1879, eut pour conséquence de fixer les bases d’un cadastre général, afin d’assurer une égale répartition de l’impôt foncier entre tous les contribuables. On rétablit le contrôle-général, et sir Evelyn Baring et M. de Blignières en furent déclarés titulaires. Leur pouvoir était des plus étendus. L’un, contrôleur-général des recettes, veillait à la perception de tous les revenus de l’état et à leur versement dans les caisses respectives ; il prenait sous sa direction tous les agens des perceptions, sauf les fonctionnaires chargés de la perception des droits judiciaires près les tribunaux de la réforme. Il avait le droit de les nommer, de les suspendre et de les révoquer, le ministre des finances ne servant en cela que d’intermédiaire. L’autre, contrôleur-général de la comptabilité et de la dette publique, veillait à l’exécution de tous les règlemens qui touchent aux dettes de l’état. Il vérifiait la comptabilité du trésor et de toutes les caisses publiques. Il n’avait pas, cependant, à apprécier l’utilité des dépenses faites par le gouvernement, et ne pouvait refuser son visa qu’aux mandats qui dépasseraient les crédits ouverts. Les contrôleurs prenaient part à la préparation du budget, — car il y en aurait un désormais, — mais sans empiéter sur les attributions des ministres, qui, seuls, restaient juges d’affecter un crédit à telle ou telle nature de service. Le khédive nomma encore une nouvelle commission d’enquête au sujet de l’impôt foncier ; elle avait pour objet de réunir les différens décrets et règlemens relatifs à ce genre de taxe, et de faire ressortir les inégalités qui s’y trouvaient. Il fut également décrété que l’administration spéciale des chemins de fer et du port d’Alexandrie serait composée de trois administrateurs : un Égyptien, un Anglais et un Français. La Société générale, le Crédit lyonnais et la Banque d’escompte de Paris reçurent l’autorisation de créer un Crédit foncier égyptien dont le siège serait au Caire. Pour éviter une débâcle, qui toujours menaçait, on suspendit l’amortissement de l’emprunt de 1864 ; il en fut de même pour l’intérêt et l’amortissement de l’emprunt de 1867, comme aussi pour le paiement de l’intérêt de l’amortissement des titres concernant les emprunts de 1865 et 1866.

Antérieurement à ces mesures, qui n’étaient prises que pour préparer les esprits à la loi de liquidation, MM. de Rothschild, sur les indications prudentes de leur représentant au Caire, obtinrent de son altesse Tewfik un décret déclarant insaisissables les biens de la famille khédiviale, cédés à ces banquiers, le 13 octobre 1878, en garantie d’un prêt de 212 millions de francs.

La loi de liquidation, importante entre toutes les lois promulguées