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devrons encore cette année ce Manuel d’histoire de l’art[1], qui continue de nous manquer toujours; mais, en l’attendant, nous sommes heureux du moins que l’on ait eu l’idée de traduire celui de M. Wilhelm Lübke. C’est, en effet, l’un des meilleurs qu’il y ait en Allemagne, où nous en connaissons plusieurs, et, en remerciant le traducteur, il faut le féliciter de son choix. En revanche, et pour nous consoler, nous dirons que l’Allemagne n’a rien de comparable à cette Bibliothèque de l’enseignement des beaux-arts[2] publiée sous la direction de M. Jules Comte, et dans laquelle paraissaient tout récemment encore le Manuel d’archéologie orientale de M. Ernest Babelon, et l’Architecture grecque, par M. Victor Laloux. Ils en forment déjà, si nous avons bien compté, le trente et unième et le trente-deuxième volumes.

C’est dans cette même Bibliothèque, pour en faire un ouvrage tout nouveau, que M. Jules Martha a repris une esquisse qu’il avait autrefois donnée de l’histoire de l’Art étrusque[3], et le beau volume qu’il publie cette année sous ce titre nous semble être de ceux qui épuisent pour quelque temps une matière. L’Académie des Inscriptions, qui l’a couronné, en a jugé de même, et nous espérons bien que son suffrage ne détournera personne de lire le livre de M. Jules Martha. Car, enfin, que l’on soit à la fois très érudit et très intéressant, si cela n’est pas commun, cela toutefois n’a rien d’impossible, et nous ne craignons pas de dire que M. Jules Martha a résolu le problème. Autant qu’il est savant, son livre sur l’Art étrusque est facile à lire, non-seulement facile, mais agréable, et nous avons à peine besoin d’ajouter, vu le moment où il paraît, qu’il est abondamment et magnifiquement illustré.

Mais, de tous ces ouvrages, s’il en est un que nous préférions, et qu’aussi bien, pour son importance, il ne soit qu’équitable de placer au-dessus des autres, c’est celui dont M. Eugène Müntz nous donne cette année le premier volume: l’Histoire de l’art pendant la Renaissance[4]. Consacré aux Primitifs, ce qu’il contient de renseignemens précieux et d’idées fécondes, nous ne saurions, en effet, le dire, et c’en serait presque le défaut, mais un défaut vraiment trop rare, pour que personne ait l’idée d’en faire un reproche à l’auteur. N’omettons point, d’ailleurs, de remarquer que, du milieu même de cette abondance d’idées et de renseignemens, les grandes lignes de l’ouvrage ne laissent pas de se dégager nettement. Considérant l’histoire de l’art dans son rapport avec les idées, dont les œuvres ne sont, si l’on peut ainsi dire, que les manifestations plastiques, et ne séparant

  1. Firmin-Didot, 2 vol. in-8o.
  2. Quantin, éditeur.
  3. Firmin-Didot, 1 vol. in-8o.
  4. Hachette, 1 vol. in-8o.