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LES
LIVRES D’ÉTRENNES

Ce qui est difficile, ce n’est pas de louer les livres d’étrennes, et, quoique peut-être on les fasse aujourd’hui moins beaux, moins « luxueux » qu’il y a quelques années, la matière ne laisserait pas d’être encore assez abondante. Mais ce qui est plus délicat, c’est, en quelques pages, de donner des meilleurs une idée suffisamment exacte, attendu qu’à peine les éditeurs nous laissent-ils le loisir de les lire; et, ce qui est pénible, c’est de ne pouvoir pas s’étendre plus longuement sur quelques-uns d’entre eux qui mériteraient une véritable étude.

Tel est, par exemple, l’ouvrage de M. Gustave Le Bon, sur les Premières Civilisations[1]. Grand partisan et propagateur infatigable de la moderne théorie de l’évolution, — qu’il a seulement le tort, à notre avis, de regarder dès à présent comme une certitude, quoiqu’elle ne soit encore qu’une hypothèse, — M. Gustave Le Bon s’est proposé de refaire, au point de vue de l’évolution, l’histoire ancienne tout entière; et, en les résumant, de discuter les conclusions de l’érudition moderne sur les antiques civilisations de l’Egypte, de la Chaldée, de la Palestine et de la Phénicie. Sur la persuasion où il est que personne avant lui dans l’histoire n’avait rien tenté de semblable, il y aurait beaucoup à dire, comme aussi sur plus d’un détail, et notamment sur le dédain peu scientifique, encore moins philosophique, qu’il affecte pour « la civilisation

  1. Marpon et Flammarion, 1 vol. in-8o.