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vient à son aide : « Par exception, si la Société desservait des établissemens dans une place investie où les ressources lui feraient défaut, l’administration militaire pourrait lui fournir les denrées et objets de consommation reconnus nécessaires. Ces fournitures, délivrées sur bons régulièrement établis et visés par le sous-intendant militaire, seraient effectuées contre remboursement par la Société dans la limite de ses ressources financières (article 14 du règlement). » L’état intervient en temps de guerre, régulièrement, dans une certaine mesure, pour reconnaître les services que lui rend la Société de secours. Celle-ci reçoit 1 franc par journée de malade traité dans ses établissemens, et 1 franc par jour pour tout militaire évacué dans un de ses trains sanitaires; en revanche, elle reste chargée des frais d’inhumation et de service funèbre pour tout soldat décédé entre ses mains. De ce qui précède on doit conclure que la Société de secours aux blessés ne sera jamais aussi riche qu’il le faudrait pour remplir son devoir tel qu’elle l’envisage, c’est-à-dire avec générosité et sans modération dans le bien. Si les expériences faites ont permis de concevoir toute espérance pour l’heure de l’action de guerre, l’émulation de la Société de secours aux blessés n’en a pas été ralentie, au contraire ; notre brave Croix rouge s’en est sentie stimulée, car elle ne cesse de se perfectionner et d’augmenter son matériel ; deux fois par an elle adresse un rapport au ministre de la guerre pour lui faire connaître avec précision les ressources qu’elle tient à sa disposition. Notre armée sait donc toujours sur quelle réserve sanitaire elle peut compter, et chaque corps d’armée a été à même d’apprécier l’excellence du matériel déposé près de chaque délégation régionale. Ce matériel n’est qu’un minimum; c’est un matériel de paix, en un mot, qui, à l’heure de la lutte, recevrait un accroissement considérable, comme le cadre d’une compagnie est complété par l’appel du contingent de guerre. Ce matériel, on l’a divisé en quatre sections qui correspondent aux quatre services principaux dont la Croix rouge serait chargée : 1° matériel pour évacuations voisines du champ de bataille ; 2° pour évacuation par chemin de fer et par canaux; 3° pour ambulances de gare; 4° pour hôpitaux provisoires; la dépense, pour les dix-huit régions, est de 687,600 francs. Le matériel ne suffit pas ; il doit être mis entre les mains de gens habiles, formés, aptes aux fonctions de chirurgiens, de médecins, de pharmaciens, de comptables, d’infirmiers, de brancardiers instructeurs; or, pour desservir dans les dix-huit délégations régionales les quatre catégories d’opérations sanitaires que je viens d’énumérer, il faut le concours de 3,600 personnes ayant toutes reçu l’éducation préalable qui leur permettra d’être à