Pactole égyptien, et, comme pour le Nil, de son cours régulier et fécond dépend la prospérité du pays. Oh! nul débordement à craindre. Au contraire : il arrive que les versemens des revenus affectés à la dette sont insuffisans ; alors, la somme nécessaire à combler le vide est prélevée sur les ressources générales du trésor.
L’administration financière constituée, on unifia les dettes, car on s’y perdait. On décréta que ce qui était dû par l’état et les domaines, résultant des emprunts contractés de 1862 à 1870, et les dettes flottantes comprenant les bons du trésor et autres titres ou obligations, se résumeraient en une dette générale dont les titres, portant 7 pour 100 d’intérêt, s’amortiraient dans un délai de soixante-cinq ans, par tirages semestriels.
Bientôt, un douloureux sacrifice était imposé au khédive Ismaïl-Pacha. Ce prince fut obligé de laisser prendre à MM. Goschen et Edmond Joubert, agens des créanciers français, anglais et autres, une hypothèque sur ses biens, y compris les superficies occupées par ses entrepôts, ses machines d’irrigation, ses usines, ses canaux et ses digues, ses chemins de fer agricoles, les bureaux de son administration khédiviale et les maisons de son personnel. Son altesse abandonnait, en outre, à partir du 1er janvier 1878, sur sa liste civile, et à titre de subvention régulière pour le service de la dette générale, la somme de 1 pour 100. C’était une larme dans l’océan, un bien petit poisson donné en pâture aux crocodiles de toute sorte qui vivaient alors dans les eaux égyptiennes.
Cependant, comme les impôts, ainsi que les revenus sur lesquels on devait compter, produisaient, malgré lois et décrets, des déficits énormes, qu’un coulage d’une nature frauduleuse était constaté, il fallut bien que l’Europe intervînt encore une fois pour sauvegarder les intérêts de ses nationaux.
La déconfiture de l’Egypte ou, si l’on aime mieux, la faillite, devenait imminente. On créa donc une commission d’enquête chargée de vérifier le déficit des recettes dans toutes les branches des revenus et la cause qui produisait ces mécomptes. Ceux qui la composèrent nous sont à peu près connus ; ils se nommaient : Ferdinand de Lesseps, Rivers Wilson, Riaz-Pacha, Baravelli, E. Baring, de Blignières et de Kramer. ils allèrent au plus pressé, c’est-à-dire aux malheureux employés égyptiens. Leur solde était en retard de six, huit, dix et jusqu’à seize mois; le plus grand nombre de ces modestes fonctionnaires étaient maintenus systématiquement dans un tel état de besoin et de misère, que plusieurs d’entre eux se demandaient avec terreur si le pays était épuisé au point d’être hors d’état de leur donner de quoi vivre. Ce qu’il fallait leur compter mensuellement ne se montait en réalité qu’à 400,000 francs ; or, les commissaires-enquêteurs découvrirent que le trésor réservait tous