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L’ÉGYPTE
ET
L’OCCUPATION ANGLAISE

I.
L’EGYPTE MODERNE.

Je ne sais pas d’impression plus pénible que celle de retrouver noircie par les flammes, éventrée par l’obus, souillée par la présence d’un uniforme étranger, la ville que jadis on laissa blanche et florissante, égayée par le bourdonnement d’une population industrieuse et bien vivante.

C’est une tristesse semblable que j’ai ressentie en revoyant Alexandrie, lorsqu’il y a peu de mois, j’y débarquai pour la troisième fois, justifiant ainsi, par un retour tout à fait inespéré au pays d’Egypte, ces paroles que les familles levantines ne manquent pas de dire à l’Européen qui a l’honneur d’être reçu chez elles : a Si vous buvez de l’eau du Nil, vous nous reviendrez... Buvez-en donc ! » Et l’on s’en grise, tellement l’accueil est cordial.

En arrivant sur cette place des Consuls, où tant de terrains vides, tant de moellons entassés sur lesquels le feu a laissé sa sinistre empreinte, témoignent de l’horreur des journées de juillet 1882, l’on se demande, sans pouvoir répondre, à quelle raison