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de police, inspecteur des travaux, avocat ; les quatre premiers assistent, avec voix consultative, aux séances du conseil. Comme, dans beaucoup de villes, des marchés scandaleux ont été passés pour réparer les rues sans nécessité, on exige que cette mesure soit provoquée par une pétition de la majorité des riverains. Le maire de la Nouvelle-Orléans, le contrôleur, le trésorier, les deux commissaires, les juges de police, l’avocat, peuvent, à toute époque, être révoqués par le conseil pour mauvaise gestion, négligence ou incapacité. On admet l’accusé à se défendre; pour être valable, le jugement doit réunir une majorité d’au moins dix-huit conseillers.

On raconte qu’un prédicateur sermonnait les enfans des rues, si nombreux à New-York. : « Qui prendra soin de vous, s’écrie-t-il, si votre père et votre mère vous abandonnent? — La police, monsieur, la police, repartirent tout d’une voix ses ouailles improvisées. » Après maint abus, en présence du danger toujours croissant d’une population de vagabonds composée de l’écume des deux mondes, démocrates et républicains ont compris la nécessité de soustraire la police à l’influence de la politique ; le personnel des agens n’est plus à la discrétion du maire; celui-ci choisit encore les quatre commissaires supérieurs qui le dirigent, mais ils sont nommés pour six ans, et ne peuvent être révoqués qu’avec l’assentiment du gouverneur de l’état.

La cité impériale fait les choses grandement : un simple patrolman de 3e classe reçoit 5,000 francs par an, ceux de 2e et de 1re classe touchent 5,500 et 6,000 ; au-dessus d’eux, les sergens ont 8,000 fr., le capitaine de chaque quartier 13,750, les quatre inspecteurs 17,500 chacun, le surintendant 30,000 : en tout, 3,216 employés, qui grèvent le budget municipal d’une dépense de 22 millions[1].

  1. Depuis 1882, la municipalité de Buenos-Ayres comprend un conseil délibérant, composé de cinquante membres et d’un département exécutif. Font partie du corps électoral : 1° les citoyens domiciliés depuis six mois qui paient au moins 50 francs d’impôts municipaux ou de contribution foncière, ou qui exercent une profession libérale; 2° les étrangers résidant depuis deux ans, sachant lire et écrire, payant 250 francs d’impôts par an ou exerçant une profession libérale. Les fonctions de conseiller sont gratuites, obligatoires, incompatibles avec toute commission, emploi politique et rémunéré. Le conseil désigne son président et deux vice-présidens, vérifie l’élection de ses membres, vote sous certaines réserves les impôts municipaux et contrôle les emprunts, organise les loteries, sanctionne le budget, décrète les travaux nécessaires, etc. Quant au chef de l’exécutif, désigné sous le nom d’intendant municipal, nommé par le président de la république avec l’assentiment préalable du sénat, il dirige tous les services, a le droit de veto dans les cinq jours, représente la municipalité auprès des pouvoirs de l’état. Dans la pratique, les conflits ont été assez fréquens entre le conseil et l’intendant, surtout à l’origine, le premier ayant pris vis-à-vis du second des attitudes qui semblaient imitées de celles que nous connaissons sur les bords de la Seine.