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tels que les eaux et égouts, l’assainissement de la Tamise, le drainage, ses attributions s’étendent tous les jours, et il joue en quelque sorte le rôle d’une bonne à tout faire, a maid of all works ; ses séances sont publiques, mais, comme il en bannit strictement la politique, on ne les fréquente guère. Nommé à vie par le board, son président seul reçoit un traitement de 37,500 à 50,000 francs ; les fonctions des autres membres sont gratuites. Ici encore, le droit électoral n’est exercé que par les contribuables et les domiciliés ; aucune intervention n’est accordée à la population indigente ou nomade, à ceux qui reçoivent sans payer, à ceux qui jouissent sans contribuer : les cordons de la bourse sont tenus exclusivement par les représentans de ceux qui la remplissent. L’Anglais n’entend pas la démocratie comme nous : il donne des droits à tous, réserve le pouvoir à quelques-uns ; dans l’administration des affaires, il demeure partisan de la sélection, recherche, choisit les supériorités. Habitué à rencontrer le signe distinctif, la présomption de la capacité, dans la fortune ou l’aisance, il pense comme le proverbe italien : Celui qui n’a pas, n’est pas ; appliquerait volontiers au pauvre sa maxime sur l’ivrogne : A man, a thing : un homme, une chose, un ivrogne, met la liberté avant l’égalité. Milton, dans son Paradis perdu, caractérise très bien cette conscience des distinctions sociales chez les Anglais :


If not equal, yet free,
Equally free, for orders and degrees
Jar not with liberty, but well consist.


« S’ils ne sont pas tous égaux, ils sont tous également libres, car les classes et les rangs, loin de jurer avec la liberté, s’accordent parfaitement avec elle. »

Les taxes directes forment la base principale du système financier des comtés, bourgs, paroisses et commissions. Elles ont en général pour type la taxe de comté ou celle des pauvres, et se justifient par des raisons d’équité puisées dans la spécialité de la dépense à laquelle elles doivent pourvoir. L’état absorbant presque toutes les sources de revenus indirects, les administrations locales ont dû se rabattre sur les impôts directs. On trouve dans ce système des garanties sérieuses contre les dépenses inutiles, garanties qui compensent les inconvéniens résultant des difficultés et des inégalités de répartition. Le Metropolitan Board of Works prélève sur les districts une taxe métropolitaine et une taxe des égouts; à leur tour, districts et paroisses établissent des taxes analogues, désignées par le service auquel elles doivent subvenir : taxe des pauvres,