Page:Revue des Deux Mondes - 1888 - tome 90.djvu/561

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
SOUVENIRS DIPLOMATIQUES

L’ENTREVUE DE STUTTGART[1].


I. — L’ANCIENNE CARRIERE DIPLOMATIQUE[2].

Après cinq années passées à Berlin sans congé, dans une intime collaboration avec deux ministres, dont l’un, le baron de Varenne, vieux et podagre, était au déclin de sa carrière, et le second, le marquis de Moustier, jeune et élégant, à ses débuts, je fus nommé secrétaire de notre légation en Wurtemberg. On passait, à cette époque, par le grade intermédiaire de secrétaire de légation, avant d’être nommé premier.

Les avancemens dans la diplomatie, jadis, étaient lents, réguliers, et lorsque la faveur y présidait, ce n’était que dans une étroite mesure. On n’arrivait pas de primesaut aux situations les plus hautes sans avoir fait ses preuves, sans une laborieuse initiation. Les agens les plus méritans mettaient en moyenne, sans maugréer contre le destin, une vingtaine d’années à franchir les échelons, à conquérir le titre. de ministre plénipotentiaire, dont on est si prodigue aujourd’hui. On n’était ministre qu’en possession d’une légation; on ne l’était pas in partibus.

  1. Voyez la Revue des 1er et 15 août, des 1er et 15 octobre.
  2. M. le duc de Broglie a émis à la tribune des appréciations judicieuses sur le danger de bouleverser sans cesse par des décrets hâtifs une administration qui repose avant tout sur les traditions. Un ancien ambassadeur, le comte d’Harcourt, a publié également des pages instructives sur le rôle de la diplomatie. Voir aussi l’étude de M. Albert Sorel sur l’enseignement de l’histoire de la diplomatie et le livre si instructif que M. Frédéric Masson a consacré à l’ancien personnel des affaires étrangères.