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Nous ne voyons pas quels avantages il y aurait à tenter de modifier l’organisation actuelle du pays kabyle. Cette organisation répond assez exactement à celle de nos communes et, sous ce rapport, elle rentrerait dans le droit commun que nous voulons étendre sur l’Algérie ; mais nous devons nous appliquer à être, pour les Kabyles, des conquérans modérateurs des passions populaires qui divisent et animent les confédérations les unes contre les autres, à respecter leurs droits, alors qu’ils ne deviennent pas une cause de troubles pour le pays, à prouver, en un mot, qu’après avoir déployé la force pour les vaincre, nous voulons user de notre droit pour faire respecter ce qui est juste, ce qui donne à la paix et à la tranquillité les plus sûres garanties. »

Le ministre de la guerre paraissait hésiter encore ; pour vaincre ses dernières objections, le gouverneur de l’Algérie se rendit en France le 3 mars ; il en revint, le 22 avril, avec l’autorisation d’agir.


VII.

Pendant son absence et d’après ses instructions, les apprêts de la grande affaire avaient été poussés avec ardeur. Tizi-Ouzou et Dra-el-Mizane, base d’opérations de la prochaine campagne, étaient bourrés d’approvisionnemens de toute espèce ; des fours y avaient été construits, des appropriations faites pour le service de santé ; un hôpital de 1,000 lits était installé à Dellys.

La majeure partie des troupes était venue des provinces d’Oran et d’Alger. Elles formaient trois divisions d’infanterie, composées comme suit : première division, général Renault ; 1re brigade, général de Liniers : 8e bataillon de chasseurs, 23e et 90e ; 1re brigade, général Chapuis : le 1er  des trois régimens de tirailleurs algériens récemment créés, 41e et 56e’. Deuxième division, général de Mac-Mahon; 1re brigade, général Bourbaki : 2e zouaves, 2e étranger, 54e ; 2e brigade, général Périgot : 11e bataillon de chasseurs, un bataillon du 3e tirailleurs algériens, 3e zouaves, 93e. Troisième division, général Jusuf ; 1re brigade, général Gastu : 1er  zouaves, 60e et 68e ; 2e brigade, général Deligny : 13e bataillon de chasseurs, un bataillon du 1er  zouaves, 45e et 75e. Ces trois divisions formaient proprement l’armée de Kabylie ; une quatrième allait se constituer extérieurement sous les ordres du général Maissiat, dans la basse vallée de l’Oued-Sahel, de détachemens empruntés aux divers corps de la province de Constantine. Au total, ces quatre divisions d’infanterie comptaient ensemble 26,700 baïonnettes ; en y ajoutant la cavalerie, l’artillerie, le génie, le train des équipages et l’effectif de deux colonnes légères, composées chacune de deux bataillons et de deux escadrons