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troublé, puis se fit recevoir dans Ngouça sans trop de peine. Débouté de ses premiers succès, le chérif se replia sur l’Oued-Righ, auprès de Slimane, son complice.

Le général Randon décida que Tougourte serait occupé. Un mouvement général fut ordonné sur toute la ligne du sud. Le commandant Niqueux se dirigea de Tiaret sur El-Maïa, où il se tint en observation, avec 200 hommes du 1er bataillon d’Afrique, 50 spahis et 200 cavaliers de son goum. Le général Durrieu s’établit à Géryville avec 700 hommes, moitié du 12e de ligne, moitié zéphyrs du 1er bataillon, un escadron de spahis et deux pièces de montagne. Le commandant Du Barail se tenait à Laghouat, prêt à marcher avec 400 fantassins, un escadron de spahis et 300 Larbâ. Le colonel Desvaux, à Biskra, commandait une colonne forte de 250 hommes du 68e, de 110 tirailleurs indigènes, de 600 chasseurs d’Afrique et spahis, d’une section d’obusiers de montagne, et accompagnée d’un goura de 1,400 hommes de pied et de 1,000 chevaux arabes.

L’opération débuta par la marche d’un détachement envoyé de Géryville sur Ouargla. Le capitaine de Colomb, qui le commandait, se saisit, tant à Ouargla même qu’à Ngouça, des principaux partisans du chérif et les ramena sous bonne garde à Géryville. Pendant ce temps, le commandant Du Barail était descendu de Laghouat sur Berriane, Ghardaïa et Guerrara, tandis que le colonel Desvaux marchait de Biskra vers l’Oued-Righ. La colonne était précédée d’une avant-garde, composée d’une compagnie de tirailleurs, de deux escadrons de spahis et de tout le goum, sous les ordres du commandant Marmier.

Le 26 novembre, l’avant-garde avait atteint Mgarine, à 15 kilomètres seulement de Tougourte. Là le commandant Marmier apprit, d’un côté, que Slimane s’apprêtait à faire une vigoureuse défense dans son ksar, d’un autre, que le chérif amenait du Souf un nombreux contingent à son aide. En effet, le 29, au point du jour, les deux alliés apparurent avec 2,000 hommes de pied et 500 chevaux. Le commandant n’attendit pas l’attaque et lança les goums, qui, ramenés d’abord, se rallièrent et revinrent à la charge, soutenus par les spahis, pendant que la compagnie de tirailleurs arrêtait, par un feu des plus vifs, les tentatives des fantassins ennemis sur le bivouac et contenait les gens de Mgarine. Une troupe de fanatiques, drapeaux et musique en tête, s’était cantonnée dans un jardin ; elle fut la dernière à tenir; mais toute la bande fut passée par les armes.

La victoire était complète; un millier de fusils et de sabres jonchaient le sol parmi des tas de cadavres; deux drapeaux du chérif, trois de Slimane étaient entre les mains du vainqueur. On sut plus tard que, dans la presse des fuyards, sous la porte de Tougourte,