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nouvelle dette 4 pour 100, amortissable également, mais en soixante-dix ou quatre-vingts années, et n’exigeant plus, par conséquent, qu’une faible annuité d’amortissement. L’opération doit être réalisée en l’espace de deux années, et, si elle réussit, il en résultera pour les finances hongroises un allégement sérieux (de 12 à 15 millions de florins par an).

Pour la mise à exécution d’opérations si considérables, une première condition est nécessaire : le maintien de la paix; une autre ne l’est pas moins, la tenue des cours des fonds d’état à un niveau suffisamment élevé. De puissans syndicats vont donc travailler à la hausse du 4 pour 100 russe 1880, dont le cours servira à fixer le prix d’émission de la nouvelle rente, et du 4 pour 100 or hongrois, qui doit dépasser au moins le cours de 86 pour 100, pour que la conversion projetée puisse être entrepris . En ce moment, le Reichstag de Pesth examine le projet de loi présenté par M. Tisza et autorisant l’opération. Le reste regardera le syndicat. Or, le marché de Vienne s’est montré pendant toute la quinzaine aussi indécis que celui de Berlin. Il semble qu’en Autriche on ait quelque appréhension touchant l’emploi que le gouvernement russe compte faire des centaines de millions qu’il va emprunter. Le fait que M. Wijchnegradsky a traité avec un groupe où domine l’élément français, au lieu de conclure avec un groupe exclusivement ou principalement allemand, a dérouté la spéculation viennoise. Cette impression de mécontentement ne durera pas, surtout s’il se confirme que l’emprunt russe est, en grande partie, une opération de conversion, et que la nouvelle rente 4 pour 100 doit remplacer, jusqu’à concurrence de 300 millions environ, la rente 5 pour 100 1877.

Le rouble s’est relevé à Berlin, ainsi que le 4 pour 100 russe qui, de 87.80, a été porté à 88.35 (aujourd’hui à 86.35, par suite du détachement du coupon semestriel). Le Hongrois est resté sans changement à 85 1/4. L’Italien a pu, de son côté, se maintenir à 96.75, en dépit des informations reproduites avec insistance sur l’énormité du déficit-pour l’exercice en cours, déficit destiné à grossir encore du montant des dépenses extraordinaires que les ministres de la guerre et de la marine, d’accord avec le président du conseil, M. Crispi, ne cessent de déclarer indispensables. Il n’est point question pour l’instant d’un emprunt italien, au sens formel du mot, c’est-à-dire de la réouverture du grand-livre. Mais M. Magliani est obligé de recourir à une série d’emprunts indirects et d’accroître constamment la dette flottante.

La spéculation avait porté l’Extérieure d’Espagne à 74, en prévision d’une autre grande opération projetée à Madrid pour la conversion des dettes cubaines. La décision se faisant attendre, des réalisations se sont produites ; les acheteurs ont en outre été surpris par l’annonce de manifestations républicaines sur quelques points de la Péninsule,