qu’à la condition de garder le général favori du parti. Il y a mieux: un ancien ministre républicain, M. Develle, a fait il y a quelques jours à Revigny, dans la Meuse, d’étranges révélations. Il a dévoilé qu’au moment où se déroulait cette crise de 1887 et où l’on craignait la guerre, tout était désorganisé dans notre administration militaire, que les armemens étaient insuffisans, que soixante régimens se trouvaient disloqués. Il a même ajouté que les chefs principaux de notre armée disaient dans leur langage soldatesque : « Si pendant que nous aurons les Prussiens dans le ventre, nous avons ce ministre-là sur nos derrières, nous sommes perdus. » C’était ainsi, on le savait, et cependant on soutenait, tant qu’on le pouvait, le ministre ! Il n’y a pas à dire : ce sont les républicains qui ont fait le général Boulanger, qui ont voilé ses faiblesses, — qui ont de plus créé la situation où il a pu déployer ses ambitions. Ils sont tombés dans leur propre piège, et ils ne se sont aperçus de leur imprévoyance que le jour où leur ministre de la guerre émancipé, ralliant tous les mécontentemens, est devenu une menace pour eux, pour leur domination. Le mal était fait!
Comment entendent-ils aujourd’hui le combattre? Assurément ce n’est pas le ministère radical de M. Floquet et de ses collègues qui a la chance de redresser ou de raffermir une situation si singulièrement compromise. M. le président du conseil, en proposant lui-même une révision de la constitution conçue à sa manière, a peut-être cru être un habile tacticien ; il n’a fait en vérité que répondre aux désirs de ceux qui veulent précipiter une crise publique à laquelle tout le monde ou presque tout le monde semble travailler avec une émulation singulière de destruction. Il a ouvert la brèche, il a mis l’instabilité des lois et des institutions à l’ordre du jour. M. le président du conseil a proposé sa révision; une commission du Palais-Bourbon s’est emparée de la question, elle s’est mise à l’œuvre, et depuis qu’elle est réunie, cette commission offre certes un spectacle assez curieux. Tous les projets se pressent et se confondent. On s’est accordé pour la réunion d’une assemblée constituante; on admet aussi le « référendum, » la ratification populaire pour l’œuvre constitutionnelle qui pourra être votée. Il y a bien, si l’on veut, une certaine défiance chez quelques-uns, qui craignent qu’au milieu de tout cela la république ne coure des hasards, et il s’est trouvé un membre qui, en se prononçant pour l’assemblée constituante, a proposé de la maintenir sous la tutelle du président de la république, du sénat et de la chambre. C’était une idée bizarre, — elle n’a pas été admise. Il reste toujours la Constituante elle « référendum. » On a ainsi devant soi une carrière assez longue où il peut y avoir plus d’un accident scabreux. — Qu’on se rassure, se hâtent de dire diplomatiquement les habiles, tout cela n’est qu’un jeu et n’ira