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REVUE DRAMATIQUE

Comédie-Française : Pepa, comédie en 3 actes, en prose, de MM. Henri Meilhac et Louis Ganderax. — Odéon ; Caligula, tragédie en 5 actes, en vers, précédée d’un prologue, d’Alexandre Dumas père.

Une aimable femme, très parisienne, aussi parisienne qu’on le puisse être. Mme de Chambreuil, épouse divorcée de M. de Chambreuil, très parisien aussi lui, presque trop parisien, est sur le point de se remarier avec M. de Guerche, le moins parisien des trois. Mais, comme l’église, qui ne craint point de retarder sur la loi civile, n’admet pas encore le divorce, et que Mme de Chambreuil, pour des raisons à elle, moins religieuses peut-être que mondaines, ne saurait se passer de la bénédiction qu’on lui refuse, à force de chercher un moyen de se la procurer, elle a trouvé celui de demander l’annulation de ce fâcheux mariage dont les canons ne souffrent pas la dissolution. Même elle a découvert, dans sa première union, le cas de nullité qu’il lui fallait : c’est le défaut de consentement ou de liberté des parties; et pour des raisons encore à elle, tout à fait mondaines celles-ci, c’est M. de Chambreuil qu’elle veut qui se donne le léger ridicule de l’avoir épousée malgré lui. N’avait-il pas une tante qui l’avait menacé de le déshériter, si ce mariage se faisait? et, pour un galant homme, qui ne saurait souffrir l’idée seulement de céder à une semblable menace, n’était-ce pas une contrainte morale ? Il y a du moins des cardinaux, de ceux qui fréquentent chez les banquiers