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UN
ROMAN VIRGINIEN

The Quick or the Dead, par miss Amélie Rives.

Il est remarquable que ce soit une femme, une jeune fille du meilleur monde, qui ait introduit dans un magazine[1] américain les audaces de cette école moderne qu’à l’étranger on désigne sous le nom de « française. » Hâtons-nous de dire que miss Rives n’a pas d’origines puritaines ; elle est du Sud, d’où sortit Edgar Poë, où a surgi Cable, du Sud qui garde encore, on le sait, l’empreinte des anciennes mœurs créoles. Le grand-père de miss Rives fut ministre plénipotentiaire en France ; son père, le colonel Landon Rives, naquit à Paris et y fit ses études d’ingénieur à l’École polytechnique ; bien des traditions françaises ont dû entourer l’enfance de l’authoress, qui s’écoula dans une terre de famille, en Virginie, au milieu des légendes et des sites les mieux faits pour développer chez elle l’inspiration.

Elle écrivit en prose et en vers avec succès, avant de publier son premier roman, the Quick or the Dead, le Mort ou le Vif, qui, lorsqu’il parut récemment, excita des enthousiasmes et des protestations également démesurés. Le sujet en est original, il faut le reconnaître, et mené avec une verve fougueuse qui demanderait parfois à être tempérée par le bon goût.


I.

Cette nuit-là, une pluie battante tombait et, bien qu’aucun vent ne se levât, elle cessait, recommençait, gémissait ou s’apaisait sans

  1. Lippincott’s monthly Magazine. Philadelphia.