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Il ne suffit pas de transporter les blessés, il faut tenir à leur disposition des abris temporaires où les soins leur sont donnés et où, si leur état l’exige, ils peuvent prolonger leur séjour. Le comité d’études de la Société de secours y a pensé et a établi des baraquemens, des tentes d’ambulance qui sont de véritables salles d’hôpitaux transitoires, meilleures même, car la contagion ne s’y installe pas dans de vieux murs et dans des parquets disjoints. Ces baraques formées de légères voliges qui se démontent et se re- montent avec facilité, ces tentes vastes et aérées qui peuvent résister à un long usage, sont arrimées méthodiquement et transportées sur des fourgons spécialement construits ; le personnel nécessaire les accompagne, et, en temps de service, elles sont munies d’un nombre déterminé de couchettes. Un blessé évacué du champ de bataille sur l’hôpital d’une ville désignée peut s’arrêter, au cours de sa route, dans ces étapes reposantes qui l’attendent et l’accueilleront aux stations que doit parcourir le train sanitaire. Comme des refuges places en marge des chemins périlleux, les ambulances de la Croix rouge s’ouvrent pour les hommes fatigués auxquels le réconfort est nécessaire. Peu à peu, guidée par son comité d’études qui, en réalité, est un comité d’initiative, la Société de secours a organisé un matériel qui est égal, sinon supérieur, à celui de toute autre nation européenne[1]. On a pu s’en convaincre aux différentes expositions internationales où la France a prouvé, sans orgueil, mais avec sécurité, que, tout en ne redoutant pas la guerre, elle avait redoublé d’efforts pour en atténuer les effets. Les montagnes de compresses, les bandes, les langes pour tout pansement, les cardes de coton phéniqué, les gouttières métalliques garnies de ouate, les attelles, les alèses en caoutchouc, tout ce qui forme, en un mot, l’outillage intelligent d’une infirmerie chirurgicale, a été réuni et reste prêt à être utilisé aux premières réquisitions de la guerre. Avant que cette précieuse réserve soit épuisée, on aura le temps d’en rassembler une autre; car le jour où un conflit armé éclaterait, le capital de la Société, dont le revenu est aujourd’hui consacré à des secours renouvelables, serait immédiatement mobilisé et employé au service des ambulances : en temps de paix, ce capital est inaliénable, mais dès que les hostilités sont imminentes, il recouvre sa liberté d’action. Les dépôts sont nombreux où l’on a rangé dans un ordre méthodique tous ces instrumens de salut, ces objets de réparation, qui sont, en quelque sorte, les armes de la bienfaisance

  1. Égal en qualité, mais non en quantité. Sous le rapport de l’accumulation du matériel sanitaire, la Croix rouge d’Autriche dépasse celle de toutes les autres nations.