non à enrichir leurs commanditaires, ce qui n’était pas leur objectif, mais à réduire leurs dépenses annuelles.
Résultat de l’initiative collective, alimentées par les capitaux fournis par l’association de tous les intéressés, gérées avec la plus stricte économie, administrées par un conseil non rétribué, elles fournissent, comme l’Army et Navy Cooperative Society, créée par les fonctionnaires et employés de l’armée et de la marine, à leurs fondateurs les objets de première nécessité en détail, au prix du gros, et plusieurs d’entre elles font un chiffre d’affaires à l’année qui atteint de 20 à 25 millions. Par leur mécanisme ingénieux, elles suppriment, entre le producteur et le consommateur, cette foule d’intermédiaires grevant, chacun à leur profit, l’objet de consommation d’une surtaxe nouvelle, véritable poids mort qui pèse sur l’ensemble de la production et de la consommation, parasitisme improductif qui prélève au passage son bénéfice sur les nécessités de tous.
Ce rouage onéreux et devenu inutile depuis que la facilité des communications a rapproché le producteur du consommateur tend d’ailleurs à disparaître de nos sociétés modernes, régies par des lois économiques et financières plus simples. L’association des capitaux disposant de moyens d’action plus directs et plus prompts, servie par une publicité croissante, élimine peu à peu ces intermédiaires dont elle n’a plus que faire. C’est encore une voie qui se ferme, partant des intelligences et des capacités qui restent sans emploi. Le commerce moderne s’étudie à restreindre de plus en plus le nombre de ces fonctions, par suite celui de ses employés, et refoule vers la production les agens de distribution.
En revanche, si ces derniers gagnent moins, les premiers sont mieux rétribués. Depuis cinquante ans, la hausse des salaires a été constante, et si le coût de la vie s’est accru, ce n’est pas dans la même proportion. En 1819, le comte Chaptal estimait à 25 sous le salaire quotidien et moyen des travailleurs des champs et des artisans de province. Boisguillebert, vers la fin du XVIIe siècle, l’évaluait de 8 à 12 sous ; aujourd’hui, il oscille entre 50 sous en province et 5 francs à Paris. En Angleterre, les salaires de la classe ouvrière ont augmenté de 20 pour 100 de 1839 à 1859, et de 1859 à 1875 la hausse n’a pas été moindre de 60 pour 100, en dépit de certains mouvemens de recul dus à des circonstances exceptionnelles et passagères.
À cette hausse légitime des salaires correspondait, en sens inverse, une réduction progressive des heures de travail, double résultante de la loi économique accusant, pour le patron, un accroissement de gain, pour le salarié un accroissement de salaire et de loisir. Toutefois, s’il faut en croire les statistiques anglaises, ce double