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d’entretien du contribuable, et une certaine somme par tête pour les personnes à sa charge, comme les enfans, les commis, les domestiques, chacune de ces têtes étant censée représenter un capital qui a été longtemps fixé à 200 florins[1]. » Dans l’estimation du passif, on avait coutume de se montrer fort large. Un certain Rinuccini y inscrivit « sa personne et ses fils, les femmes de ses fils, dont une en couches, deux serviteurs, deux servantes, la nourrice, la femme de chambre, le jardinier et sa femme ; il ajouta qu’il avait des réparations à faire à ses maisons de Florence et du Comtat, et qu’il devait payer 200 florins par an à ses paysans pour provisions et cheptel, et 130 florins d’or à ses fermiers et commis[2]. » En somme, le capital net du citoyen, seul frappé d’impôt, était sa surabondance, c’est-à-dire son superflu, et le capital réel lui était bien supérieur. Le timèma était, pour ainsi dire, la surabondance des Athéniens.

Le rapport entre le capital imposable et le capital brut variait d’une classe à l’autre. Démosthène, voulant démontrer, contrairement à l’assertion de ses tuteurs, que son père lui a laissé une grosse succession, en fournit la preuve que voici. Ses tuteurs, quand ils ont déclaré l’état de ses biens, lui ont reconnu « une fortune assez considérable pour contribuer à raison de 500 drachmes sur 2,500. « Il ne saurait être question ici du taux de l’impôt, d’abord, parce que, loin d’être fixe, il changeait d’après les nécessités budgétaires, et, en outre, parce que les taxes acquittées par Démosthène, pendant toute sa minorité, demeurèrent fort au-dessous du chiffre qu’elles auraient atteint, s’il avait dû payer le cinquième de son timèma. Cette phrase fait donc allusion à la différence entre le capital imposable et le capital réel. Mais elle montre, par la même occasion, que le rapport du premier au second n’était du cinquième que pour les plus riches. Quel était-il pour les autres classes ? On l’ignore absolument, Böckh imagine à ce sujet tout un système d’habiles arrangemens qui se résume dans le tableau suivant :


Capital réel (max. et min.) Proportion Capital imposable
Ire classe 500 talens 20 0/0 100 talens
12 — 2 talens 2,400 drachmes
IIe classe 11 — 16 0/0 1 talent 4,560 —
6 — 5,700 —
IIIe classe 5 — 12 0/0 3,600 —
2 — 1,440 —
IVe classe 1 talent 1/2 8 0/0 720 —
2,500 drachmes 200 —
  1. Léon Say, les Solutions démocratiques de la question des impôts, I, p. 213-214.
  2. Ibid., p. 220.