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valeur d’une drachme ; puis on multipliait les sommes de 500, 300, 150 drachmes ainsi obtenues, par 12, taux de capitalisation de la rente foncière à Athènes[1], et il en résultait que le capital de la première classe était de 6,000 drachmes, ou un talent ; celui de la deuxième, de 3,600 drachmes ; celui de la troisième, de 1,800 drachmes. Mais, quand on avait à percevoir l’eisphora, on distinguait le capital réel et le capital imposable. Ce dernier, égal au premier pour les pentacosiomédimnes, se réduisait à 3,000 drachmes ou un demi-talent pour les cavaliers, et à 1,000 drachmes ou un sixième détalent pour les zeugites. Le tableau ci-dessous, que j’emprunte à l’ouvrage de Böckh, rendra plus claires toutes ces combinaisons :


Revenu annuel Taux de capitalisation Capital réel Capital imposable
Ire classe 500 drachmes 12 6,000 drachmes 6,000 drachmes ou 1 talent
IIe classe 300 — 12 3,600 — 3,000 drachmes ou 1/2 talent
IIIe classe 150 — 12 1,800 — 1,000 drachmes ou 1/6 de talent


Elles n’ont qu’un défaut, c’est d’être quelque peu arbitraires. Il se peut qu’à l’époque de Solon la mesure d’orge ou de vin se soit vendue 1 drachme, comme l’affirme Plutarque. Mais à la fin du Ve siècle et au début du IVe, il n’en était plus de même. Le prix habituel de l’orge était alors de 2 drachmes, et il serait singulier qu’en 428, lorsqu’on organisa l’assiette de l’eisphora, on se fût référé aux prix du temps de Solon. Ce serait aussi absurde que si, de nos jours, l’administration des contributions directes se guidait d’après les mercuriales du règne de Louis XV. En second lieu, Böckh raisonne comme s’il était démontré que les chiffres de Pollux expriment le revenu net des divers propriétaires ; or la preuve, de cette assertion est encore à faire.

Un professeur de l’université de Rome, M. Beloch, dans un travail récent, paraît avoir serré la vérité de plus près, et son hypothèse, légèrement modifiée, est assez plausible. Puisque le prix du grain était de 2 drachmes environ, le revenu brut des citoyens de la première classe atteignait au moins 1,000 drachmes. Il devait même être plus fort, car il y avait probablement dans toute exploitation rurale des vignes et des plants d’olivier dont le rendement était plus élevé. Nous admettrons donc une majoration d’un tiers, et nous arrêterons à 1,500 drachmes le revenu approximatif des pentacosiomédimnes. La valeur des terres se calcule toujours d’après le revenu net, et non d’après le revenu brut. Quel était, en [2]

  1. Isée, de Hagniœ hereditate, 42. Cf. Statistique agricole de la France (Nancy, 1887), p. 379.
  2. Hermès, IX, p. 246.