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ont être dues par ceux qui auraient dû y répondre, en faisant quelques adonis pour remédier aux maux signalés.

Ce fut le 26 avril 1859 que nos troupes du premier et du second corps débarquèrent à Gênes. Le 13 mai, le docteur Boudin, médecin principal, n’est pas sans inquiétude. « Le nombre des malades augmente sensiblement, et le personnel médical ne peut tarder à devenir insuffisant. » Il se voit obligé de requérir l’assistance de quatre médecins et de douze étudians de Gênes. Le 21 mai, il déclare qu’il est urgent de « demander du personnel en France. » Le 22, un médecin-major écrit : « Le service est mal organisé ; nous n’avons pas d’infirmiers ; quelques musiciens, que personne ne commande, ont été délégués pour remplacer les infirmiers absens, et ne nous sont point utiles, parce qu’ils ne savent rien. Les malades sont mal couchés, mal nourris, mal soignés. » — Le 28 mai : « Je viens de visiter la citadelle d’Alexandrie ; il y a déjà 150 hommes atteints de blessures légères, mais il n’y a personne pour les visiter ; il n’y a rien pour les soigner. » — 30 mai : « « Chaque division est pourvue de 5 à 7 infirmiers militaires seulement ; toutes manquent de tentes et de couvertures pour les blessés. — 31 mai : « Quelques régimens arrivent sans (médecin ; ainsi, le 8e hussards sans un seul ; le 82e de ligne avec 1 médecin-major seulement. Toute l’artillerie (batteries et parcs), sans un seul. Je suis obligé, pour assurer le service dans ces différens corps, de détacher des médecins des ambulances, qui se trouvent ainsi dégarnies. » Pendant la durée de la campagne, le 37e de ligne n’a qu’un seul officier de santé, médecin aide-major de 2e classe. Le 9 juin, le baron Larrey réclame avec instance pour les hôpitaux des sous-aides auxiliaires et des aides-majors. Dans la pénurie du service de santé de nos régimens, de nos ambulances, de nos hôpitaux, on utilise le bon vouloir des médecins italiens, et l’on emploie les chirurgiens autrichiens faits prisonniers. — 26 juin, d’Alexandrie : « Il n’y a plus personne ici, à l’hôpital divisionnaire, ni au séminaire, à qui l’on puisse confier des malades et des blessés. » — Parme, 26 juin : « L’ambulance du quartier-général n’a point de médecin-major, et 3 aides-majors de cette ambulance sont détachés d’urgence près des corps de troupes. » — Le 27 juin : « L’insuffisance du nombre des infirmiers militaires a été encore bien regrettable pendant et après la bataille de Solferino. » Le médecin en chef n’a rien laissé ignorer des difficultés dont on allait être assailli ; supputant les éventualités, calculant le nombre de blessés que les batailles prochaines enverraient aux ambulances, il avait, le 26 mai, énergiquement demandé le personnel dont il avait besoin pour sauvegarder les intérêts de l’armée française, répondre à la confiance