Page:Revue des Deux Mondes - 1888 - tome 89.djvu/722

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

diverse nature, qui modifie même jusqu’à un certain point la situation internationale des Pays-Bas.

Assurément une transmission de règne, avec la perspective d’une longue minorité, est une crise toujours singulièrement délicate ; mais ce n’est pas tout. La mort du roi Guillaume III de Hollande, le jour où elle se réalisera, a de plus un résultat qui, tout prévu qu’il soit, n’est pas sans avoir son importance dans l’état de l’Europe ; elle rompt l’union toute personnelle qui, depuis 1815, a lié le grand-duché de Luxembourg au royaume des Pays-Bas. La Hollande, par la succession des femmes, reste avec la jeune princesse Wilhelmine ; le Luxembourg, régi par la loi salique, passe en héritage au duc de Nassau, qui a perdu, il y a vingt ans, son duché, devenu par la conquête une province prussienne, et qui retrouve ainsi une souveraineté. Quelle est, en réalité, la situation légale et diplomatique du Luxembourg ? Cette situation, elle a été réglée par la conférence de Londres en 1867, au moment où la guerre semblait sur le point d’éclater, justement pour le Luxembourg, entre la France et la Prusse. C’est cette conférence qui a décidé la succession des Nassau ; c’est elle aussi qui a fixé et précisé la position future du grand-duché. Jusque-là, le Luxembourg, en même temps qu’il relevait de la couronne des Pays-Bas, avait fait partie de la confédération germanique ; il était resté dégagé de tout lien avec l’Allemagne par les guerres prussiennes et par la dissolution de l’ancienne confédération. La conférence de Londres, dans un intérêt de paix européenne, a assuré au grand-duché les conditions d’une neutralité complète, placée sous la sanction de toutes les puissances, et c’est comme chef d’un état neutre que le duc de Nassau peut arriver en souverain à Luxembourg. La neutralité est garantie, elle est inscrite dans les actes diplomatiques, soit, on ne peut pas demander mieux ; mais qui garantira au jour critique l’entente des puissances qui ont promis d’un commun accord à l’Europe les avantages et les bienfaits de la neutralité du Luxembourg ?

Ch. de Mazade.


LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE.




Le jeudi 13 septembre, la Banque d’Angleterre a porté le taux de l’escompte de 3 à 4 pour 100, et la Banque de France a immédiatement suivi l’exemple, en élevant le taux officiel de 2 1/2 à 3 1/2 pour 100.