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de la politique d’économie était ce général Wolseley, dont la reine a fait un lord, et dont l’amour-propre anglais a failli faire un héros. Ses premiers exploits ont été d’écraser une poignée de pauvres métis franco-indiens, errans dans les solitudes glacées du Manitoba, puis un petit roi nègre de la côte de Guinée. Ensuite vint une victoire à la Pompée, remportée sur les derniers débris de l’armée zouloue, et à laquelle succédèrent les lauriers artificiels de Tel-el-Kébir ; enfin, la désastreuse campagne du Soudan, que ni la vanité nationale ni l’optimisme officiel ne peuvent transformer en succès. Aujourd’hui, sous le nom d’adjudant-général, il est le chef véritable de l’armée, la mène, la surmène et se démène. Ce grand homme de guerre criait plus fort que les autres contre lord Randolph, l’accusant de vouloir réduire l’armée anglaise « à deux hommes et un petit garçon. »

Le ministre déclara qu’il ne voulait ni affaiblir l’effectif de l’armée, ni diminuer la force de la marine. Loin de là ! L’Angleterre, prétendait-il, devait, en dépensant moins, exiger plus de ceux qui présidaient à la défense du pays. L’argent était mal employé, par la faute des hommes, et surtout par la faute des traditions administratives. « votre système est pourri et vicieux, disait-il à ses collègues ; réformez-le. » Il s’aperçut qu’on ne l’écoutait pas, et même qu’on suivait ses déceptions avec une certaine satisfaction malicieuse. Ce n’était pas sans perfidie qu’on lui avait livré d’un coup le difficile maniement des forces conservatrices, et le plus laborieux, le plus scabreux des départemens ministériels. De notre temps, en Angleterre, les frères de Joseph ne l’auraient pas vendu à des marchands égyptiens : ils l’auraient nommé chancelier de l’échiquier dans un moment de crise économique, et lui auraient donné à diriger une armée de tories et de radicaux. Quant à ceux-ci, l’adhésion donnée à quelques-unes de leurs doctrines les touchait peu : ils ne se souvenaient que des sarcasmes dirigés contre leurs personnes.

C’est ici la seconde crise, et la plus grave, dans la vie de lord Randolph Churchill. Que fera-t-il ? Se résignera-t-il à signer sans lire ? Couvrira-t-il de son nom une bureaucratie dépensière et stupide ? Échangera-t-il les belles maximes de l’opposition contes les détestables pratiques du gouvernement au jour le jour ? Tant d’autres l’ont fait avant lui et s’en sont bien trouvés : ainsi ne fera point lord Randolph. Il renonce à ces honneurs tant désirés, donne sa démission, et retourne s’asseoir à la place qu’il occupait, jeune homme inconnu, il y a plus de douze ans.

On m’a dit, de différens côtés : « Mais vous ne connaissez pas les dessous de la politique ! Lord Randolph avait fait fiasco : il a