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intermittens, du type tierce, mais pouvant être quotidiens et même biquotidiens, du fait de la présence dans le même organisme de plusieurs générations de parasites d’une origine différente. Le microbe de la malaria serait donc un hématozoaire, et s’il est jusqu’à présent seul de sa famille parmi les microbes pathogènes de l’homme, on a cependant constaté l’existence de ses semblables dans quelques maladies propres aux animaux, et particulièrement aux tortues.

Dans le cours de cette revue, déjà longue, nous n’avons pas encore nommé la rage. C’est qu’au point de vue spécial qui nous occupe, il faut bien dire que l’étude de la rage est encore à faire, et que la méthode de prévention pratiquée par M. Pasteur est vraiment dans une phase d’empirisme. Incontestablement la rage est une maladie microbienne, puisqu’elle est contagieuse par morsure, par inoculation : nous savons en effet que contagion et microbe sont maintenant synonymes. Mais, ce microbe, à peine a-t-on cru l’apercevoir, et personne, jusqu’à présent, n’a pu l’isoler et le cultiver. Néanmoins, le principe des vaccinations antirabiques est fondé sur l’existence supposée d’un microbe, et il convient d’en faire ici rapidement l’histoire.

Il y a quatre ans, M. Pasteur fit connaître qu’il avait essayé d’obtenir une vaccination des chiens contre la rage à l’aide de virus atténués, suivant le principe qu’il avait découvert de l’immunité conférée par une atteinte légère contre une atteinte grave des maladies virulentes. M. Pasteur avait d’abord constaté que la virulence du virus rabique, mesurée par la longueur de la période d’incubation qui sépare l’inoculation de l’explosion des symptômes, est très variable suivant les espèces d’animaux, singe, chien, lapin ou cobaye, chez lesquels on l’observe, et que chez le singe, le virus semble même s’atténuer au point de ne jamais donner la rage au chien, tout en créant, pour cet animal, un état réfractaire à la rage. Au contraire, chez le lapin, cette virulence s’exalte et devient d’une grande fixité, en ce sens que la rage se déclare très exactement sept jours après l’inoculation d’une parcelle du système nerveux cérébro-médullaire, qui est le siège du virus. Or, comme M. Pasteur employait le virus très actif, — virus dit de passage du lapin au lapin, — pour contrôler l’état réfractaire de ses chiens vaccinés, il observa que les moelles des lapins, avec lesquelles il faisait ses inoculations, diminuaient de virulence proportionnellement à la durée de leur séjour hors de l’animal dans un air bien sec. M. Pasteur vit dans ce fait un moyen d’obtenir du virus à tous ses degrés d’activité, et comme chacun de ces virus était le vaccin de celui qui venait avant lui dans l’échelle de la virulence, le résultat définitif d’une série de vaccinations successives était de rendre inoffensif le virus d’activité maxima. Mais