l’épidémicité, variabilité de la virulence, principe de la vaccination, tel est déjà le véritable trésor des faits absolument démontrés et définitivement acquis à la science par les méthodes admirables et les expériences géniales de M. Pasteur, faits qui vont apporter, dans le domaine de la biologie en général, une révolution profonde qui doit en renouveler complètement les principes et les applications, et, mettant des faits précis à la place de mots vides de sens, substituant les expériences aux hypothèses, fera entrer la médecine dans une ère nouvelle, véritablement scientifique, d’une fécondité incalculable. C’est ce mouvement, dont est entraînée en ce moment toute une armée de travailleurs occupés à construire le nouvel édifice de la médecine expérimentale, que nous allons maintenant décrire à grands traits.
On pouvait faire cette dernière objection sur la valeur générale des résultats des travaux de M. Pasteur, qu’il ne s’agissait jusqu’ici que de maladies particulières aux animaux, et qu’il n’était pas possible de conclure de celles-ci aux maladies humaines. Vraiment, cette objection était peu sérieuse, et les découvertes, déjà commencées avant celles dont nous venons de parler et poursuivies plus tard à propos d’une maladie commune à l’homme et aux animaux, — le charbon, — devaient la réduire à néant. L’histoire du charbon a fait grand bruit ; elle tiendra certainement une grande place dans l’histoire de la science des microbes, et si nous lui donnons ici une place un peu grande, c’est qu’il s’agit d’une maladie type qui a été la source où la microbiologie a puisé une foule de notions fondamentales, et à laquelle tous les problèmes généraux que soulève la théorie parasitaire des maladies virulentes ont demandé leur solution. Ce privilège, il faut d’ailleurs le reconnaître, est dû surtout à ce fait, que, le charbon étant une maladie commune à l’homme et aux animaux, l’expérimentation, tout en se donnant libre cours, apportait des résultats absolument applicables à la médecine humaine.
Avant que s’ouvrît l’ère des recherches actuelles, c’était une maladie assez peu connue des médecins. Parfois, — très rarement, — ils avaient à soigner un œdème malin, une pustule maligne, causés par la piqûre de mouches dites charbonneuses, c’est-à-dire imprégnées du sang de quelque animal mort du charbon. Comment se faisait cette transmission ? C’était toujours le même problème, qu’on résolvait, comme pour les fermentations, par des mots et des hypothèses. Tout ce qu’on savait nettement, c’est que la maladie était grave, et qu’on en mourait sûrement, si une énergique