des comtés diminuent, celles des municipalités augmentent. Depuis 1870, la dette fédérale a diminué de 42 pour 100, celle des différens états de 25 pour 100, celle des comtés de 8 pour 100, celle des municipalités, au contraire, a doublé. L’ensemble des dettes locales (états, territoires, comtés et municipalités), qui montait à 868 millions 1/2 de dollars (4,350 millions en chiffres ronds) en 1870, atteint 1,056 millions de dollars (5,300 millions de francs) en 1886. Elle est presque aussi élevée que la dette fédérale portant intérêt, qui ne montait plus, en 1886, qu’à 1,146 millions de dollars (5,750 millions de francs). Néanmoins, on voit l’énorme différence des États-Unis et de l’Europe. La gestion des municipalités peut, dans le premier pays, être lâche, prodigue, mal contrôlée ; il ne semble pas, d’après ces résultats, que, d’une façon générale du moins, elle s’abandonne aux idées systématiques d’intrusion et de bouleversement qui dominent les municipalités européennes. En tout cas, la gestion prudente de la fédération, de la plupart des états et des comtés, dans la grande Union américaine, sert de contrepoids aux excès municipaux.
Tout autre est la pratique européenne, celle du continent surtout. Une autre preuve que les armemens terrestres et maritimes sont loin d’être seuls responsables des souffrances économiques des nations du vieux monde, c’est la débauche de travaux publics mal étudiés, mal dirigés, mal utilisés, qui a sévi partout depuis quinze ans. Laissons de celé l’Allemagne, qui a puisé des ressources particulières dans nos 5 milliards, et qui, ayant un passé affranchi de dettes, pouvait se permettre plus de largeur dans les dépenses. Voici la France, avec son fameux plan Freycinet, qui s’est grevée de 100 millions de francs de garanties d’intérêts envers les compagnies de chemins de fer, et qui, pour annuités diverses ou pour paiement d’emprunts affectés directement à des travaux, la plupart improductifs, paie chaque année au moins une autre centaine de millions. Nous jouissons encore, pour nos inventions les plus mauvaises, d’un don singulier de propagande. La folie Freycinet a fait le tour de l’Europe, trouvant partout des imitateurs : l’Autriche et la Hongrie, deux pays besogneux, s’en sont inspirés et s’épuisent en voies ferrées concurrentes les unes aux autres, exploitées avec des tarifs insuffisans. D’autres pays plus besogneux encore s’appliquent à la même tâche : l’Espagne, qui semble me plus vouloir laisser prospérer une ligne de chemin de fer privée ; dans le courant du mois dernier encore, l’Italie, dont l’agriculture souffre et les finances languissent ; le Portugal, la petite Grèce, d’autres encore. Tout petit prince veut avoir des pages : les pages aujourd’hui, c’est un lot complet de fonctionnaires hiérarchisés, spécialisés dans tous les services que l’imagination des législateurs peut inventer,