notre approche. Pour les atteindre, il faut les surprendre, et cela n’est possible que dans des circonstances données qu’il faut attendre et que nous ne pouvons pas faire naître. Ce que je crois possible en ce moment, c’est de parcourir le pays où elles campent habituellement, d’en reconnaître exactement les eaux et les pâturages, et enfin de visiter les ksour, ce qui pourra amener leur soumission par la crainte de voir détruire une partie de ce qu’elles possèdent. Il faut frapper l’imagination de ces populations-là, et si je parais y tenir, c’est que je ne suis pas sûr de frapper autre chose, attendu qu’il n’est pas impossible que les tribus déménagent avec leurs magasins et ne laissent devant nous que leurs cabanes. »
Pour assurer le ravitaillement de la colonne qui devait opérer dans l’extrême sud de la province d’Oran, il fallait un poste-magasin plus rapproché que Sidi-bel-Abbès. Il y avait longtemps d’ailleurs que La Moricière avait reconnu et fait reconnaître au maréchal Bugeaud l’urgence de fermer autant que possible la trouée largement ouverte sur la lisière du Tell, depuis Sebdou jusqu’à Suïda. Le point de Daya, situé chez les Djafra, ayant été choisi par La Moricière, il y fît construire, pendant le mois d’avril, une redoute où il installa, sous les ordres du commandant Charras, un bataillon de la légion étrangère et 80 sapeurs du génie, avec trois pièces de campagne, des vivres pour deux mois, une ambulance et 100,000 cartouches en réserve.
Déjà la colonne d’exploration du sud était partie, le 18 avril, de Saïda, sous le commandement du colonel Géry. Elle était formée du 1er bataillon d’Afrique, de deux bataillons du 56e, de 150 cavaliers, moitié chasseurs de France, moitié spahis, de 150 Arabes du goum, d’un détachement d’artilleurs servant quatre obusiers de montagne et vingt fusils de rempart, avec une réserve de 42,000 cartouches et de quatre quintaux de poudre de mine, d’une section d’ambulance, avec quarante-deux cacolets et six litières. Le convoi comprenait 670 chameaux chargés d’orge et de vivres pour vingt-trois jours, de tonnelets et d’outrés, enfin un troupeau de 80 bœufs et de 500 moutons. L’effectif total dépassait 2,000 hommes et 600 chevaux ; l’effectif de guerre était de 1,400 à 1,500 combattans.
Le 20 avril, la colonne traversa les gués vaseux du Chott-el-Chergui ; tout, dans cette région aride et découverte, était étrange ; plus on marchait au sud, plus on avait froid ; devant soi on apercevait le Djebel-Ksel couvert de neige. Le 24, on entra dans la montagne. Stitten, qui était le premier objectif de l’expédition, était abandonné ; mais un notable, député par la population fugitive, vint supplier « les enfans de la puissance » d’épargner le ksar. Le colonel y consentit volontiers et reçut le lendemain la soumission de nombreux douars appartenant aux Trafi. Poussant plus loin au