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LE
POUVOIR JUDICIAIRE
AUX ETATS-UNIS

Dans la plupart des gouvernemens d’Europe, républiques ou monarchies, les tribunaux appliquent purement et simplement les lois votées par les chambres et promulguées suivant les formes requises. La magistrature se trouve subordonnée de tous points à la puissance législative ; elle constitue moins un pouvoir judiciaire, égal aux autres pouvoirs, qu’une corporation éminente, uniquement chargée de donner pleine sanction aux décrets du législateur.

Tout autre est la situation de la magistrature aux États-Unis. Loin d’être toujours lié par la volonté parlementaire, le juge américain n’en reste le fidèle interprète qu’autant que celle-ci a respecté les limites du pacte fondamental. Avant d’appliquer les lois, il examine si elles sont conformes à la constitution ; dans le cas contraire, il a le droit et le devoir de les tenir pour non avenues. Cette intervention du juge aux sources mêmes de la loi crée un pouvoir judiciaire dans la plus large acception du terme, et le classe à juste titre comme le troisième pouvoir du gouvernement.


I

Le contrôle des actes législatifs n’est pas l’apanage exclusif des -cours de justice fédérales. Il appartient aux cours des états particuliers, qui l’exerçaient déjà, pour le bien de tous, avant l’établissement de la magistrature suprême. Les plus chauds partisans de