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On ne sait pas bien comment le debir était éclairé. A l’intérieur, la hauteur était, ce semble, moindre que celle du hékal. Peut-être le réduit n’était-il pas éclairé du tout, comme cela a lieu dans les temples égyptiens. Il est dit souvent que Iahvé aime l’ombre, l’obscurité, le mystère, par opposition au plein air des haute lieux.

L’objet capital que le debir était destiné à renfermer, c’était l’arche. Ce vieux coffre avait probablement subi bien des restaurations et il est probable qu’il en subit encore sous Salomon. Les keroubs qui l’ornaient pouvaient paraître mesquins. On y ajouta, dans le debir, un décor splendide. C’étaient deux autres keroubs en bois dorés, de taille gigantesque, qui remplissaient presque le réduit, leurs ailes intérieures se joignant sur l’arche, et leurs ailes extérieures allant toucher le mur.

La baie de communication entre le débir et le hékal était fermée par une porte en bois d’olivier sauvage, où l’art de la sculpture en bois avait été porté à ses derniers raffinemens. Les battans étaient couverts de figures de kéroubs, de palmes, de corolles de lotus. Ces légères figures, relevées en or, se détachaient sur le fond olivâtre et devaient être du plus bel effet. Il paraît que la porte était recouverte d’un rideau, glissant sur les ganses d’or.

Devant la baie de communication se trouvait un autel de cèdre, revêtu d’or, destiné aux fumigations d’encens. Sur une table dorée, près de là, étaient les pains de présentation, que l’on renouvelait chaque semaine. Enfin, le long des parois du hékal, s’élevaient dix candélabres à sept branches, en or pur, cinq de chaque côté. C’étaient de beaux objets d’orfèvrerie, portant aux extrémités des bras sept godets, sortant de calices de fleurs. Les bras étaient articulés, dans leurs courbures semi-circulaires, par des boutons de fleur. Des mouchettes d’or étaient suspendues par des chaînettes.

Le mur extérieur de la cella n’était pas dégagé : il était entouré, dans presque toute sa hauteur, de trois étages de chambres, destinées aux prêtres. Devant la porte, en plein air, s’élevait l’autel d’airain où se faisaient les sacrifices. Le roi avait une tribune à lui pour présider aux sacrifices qu’il offrait.

Tout cet ensemble était entouré, au moins de trois côtés, d’une cour peu large, dont le pourtour était marqué par trois rangs superposés de gros blocs équarris, sur lesquels posait un auvent en poutrelles de cèdre, procurant de l’ombre à l’intérieur. Cette cour fut avec le temps réservée aux prêtres, qui y avaient leurs demeures. Plus tard, il se forma une seconde cour pour les fidèles et un second portique extérieur.

Tel était ce petit édifice qui a joué dans l’histoire un rôle si capital. On mit, à ce qu’il paraît, sept ans à le bâtir. Nous pouvons nous le figurer de la grandeur de Notre-Dame-de-lorette, à