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encore. Il fut convenu que Salomon fournirait à Hiram des denrées brutes (froment et huile) pour l’entretien de sa maison, et qu’en retour Hiram fournirait à Salomon tous les bois de cèdre et de sapin dont il pourrait avoir besoin. Le Liban était couvert alors de ces arbres résineux dont l’arrivée d’une population plus dense l’a dépouillé depuis quelques siècles. C’étaient de beaucoup les plus beaux matériaux de constructions qu’il y eût au monde. Les Sidoniens savaient admirablement les couper, amener les troncs à la mer et là en composer des radeaux, qu’on dirigeait ensuite où l’on voulait. Le travail se fit pour Jérusalem sur une grande échelle. Salomon payait le salaire des ouvriers phéniciens, et envoyait pour les seconder des escouades d’Israélites, qu’on formait à ce genre de travail. Les radeaux étaient conduits à un point de la côte voisine de Jérusalem, à Jaffa, par exemple. Là les Phéniciens déliaient le radeau, et les gens de Salomon faisaient emporter les troncs.

Tout cela constituait pour Israël de très lourdes corvées, dont le légendaire Adoniram a porté la responsabilité historique. A vrai dire, le poids du travail devait peser principalement sur les populations chananéennes. Les équipes étaient organisées de façon à ce que les hommes pussent passer à tour de rôle un mois dans le Liban et deux mois chez eux. Les transports se faisaient à force de bras. Des surveillans armés de bâtons activaient la force nerveuse des malheureux attelés à ce travail.

Pendant ce temps, les tailleurs de pierre perforaient le sous-sol de Jérusalem et des environs. La pierre de Judée, comme en général celle de Syrie, prête à l’extraction de blocs de plusieurs mètres. On se servait de ces parallélipipèdes énormes pour les soubassemens et les fondemens des édifices. Les blocs se tiraient principalement des carrières qui se voient aujourd’hui sous Jérusalem, mais qui alors étaient hors ville. Les Phéniciens sciaient la pierre avec un art surprenant. Les gens de Gébel en particulier avaient une réputation pour la taille de ces sortes de pierres bien équarries et biseautées sur les angles. Des Giblites, à ce qu’il semble, dirigeaient le travail dans les carrières de Jérusalem. Sous leurs ordres travaillaient des Israélites et des Tyriens. L’élément phénicien dominait ; ces gens parlaient et écrivaient entre eux le phénicien. Ils paraissent avoir demeuré sur l’emplacement actuel du village de Siloam.

La première construction ordonnée par Salomon fut le palais de la fille de Pharaon. Il semble que le roi fût pressé d’offrir à cette princesse une demeure moins indigne d’elle. Puis il reprit les murs du Millo, que David avait laissés inachevés. Il donna aussi à la ville une enceinte continue, moyen de défense qui lui avait manqué jusque-là.

La ville qui, avant le choix de David, était bornée au sommet