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ETUDES
D’HISTOIRE ISRAÉLITE

III.[1]
LE RÈGNE DE SALOMON.


I

La conséquence de la polygamie orientale, c’est, au sein de la famille, la prépondérance de la mère, et, quand il s’agit des souverains, l’importance majeure de la sultane validé. En ce qui concerne Salomon, la chose dut être particulièrement sensible. La préférence que témoignait David à ce fils, qui, selon quelques récits, aurait dû lui rappeler un crime odieux, venait en grande partie de l’amour dominant qu’il eut toujours pour Bethsabée. Un tel amour tenait non-seulement à la beauté de celle qu’il conquit, dit-on, par un adultère, mais aussi à la supériorité de son esprit. Cette maîtresse femme prit, en effet, dans la royauté nouvelle, une place éminente. Son fils voulut être couronné de sa main. Quand elle entrait, le roi se levait au-devant d’elle, et, s’inclinant, faisait placer pour elle à sa droite un trône égal au sien. Mariée d’abord, selon certaines traditions, à un Hittite, et peut-être à peine Israélite de sang, Bethsabée n’inspira sans doute à son fils qu’un zèle modéré

  1. Voyez dans la Revue du 15 octobre 1887 : Saül et David.