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BOCCACE
D'APRES SES OEUVRES ET LES TEMOIGNAGES CONTEMPORAINS

I. Fr. Corazzini, le Lettere edite ed inédite di messer Giovanni Boccaccio. Firenze ; Sansoni. — II. Attilio Hortis, Studj sulle Opere latine del Boccaccio. Trieste ; Julius Dase. — III. Dr Markus Landau, Giovanni Boccaccio, Sein Ieben und seine Werke. Stuttgart ; Cotta. — IV. Attilio Hortis, Giovanni Boccaccio ambasciatore in Avignone. Trieste ; Hermanstorfer.


I

Tout porte à croire que Boccace est né à Paris. Cela blesse le patriotisme de quelques Italiens, mais cela ne flatte pas le mien. Je ne suis pas touché outre mesure d’apprendre que le premier air qu’il respira fut celui des bords de la Seine. Boccace est bien Italien par le génie, et sa gloire est incontestablement florentine ; mais il est né à Paris. Il nous apprend lui-même que son père était à Paris le 11 mars 1314 ; et il était naturel que le fils n’oubliât pas cette date. Le vieux Boccace assistait à l’exécution de Jacques de Molay, grand-maître des Templiers. Ce souvenir fixe l’époque de son séjour à Paris. Si le père était à Paris en 1314, si le fils, comme Pétrarque nous l’apprend, est né en 1313, ces faits viennent à l’appui du récit que l’on trouve dans une ancienne chronique. Boccace le père, étant à Paris pour ses affaires, s’éprit d’une jeune fille « de condition moyenne, entre noble et bourgeoise. » Il ne la trouva point sévère, et en eut un fils. On aimera peut-être à se rappeler, en lisant le Décaméron, que Boccace avait pour mère une pauvre fille, folle et légère, de notre vieux Paris écolier et joyeux.