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Sadok, fils d’Ahitoub, et Abiathar, fils d’Ahimélek, le prêtre de Nob. Un certain Ira, le Jitrite, qu’on trouve dans la liste des gibborim, est ailleurs qualifié « prêtre de David, » comme s’il s’agissait d’un emploi de domesticité. Le sacerdoce, du reste, était libre encore. Ainsi tous les fils de David sont qualifiés de cohanim.

David prépara donc pour l’avenir l’unité de lieu de culte et l’unité du sacerdoce ; mais il ne les réalisa pas. Les anciens lieux religieux continuèrent de fleurir. En face de Jérusalem, sur le haut du mont des Oliviers, on adorait Dieu librement.

A la porte même de son palais, David érigea un autel dans les circonstances les plus particulières. Il y avait là une aire qui appartenait, dit-on, à un Jébuséen nommé Arevna ou Averna. Une maladie épidémique décimait la ville, et on croyait voir au-dessus de ladite aire se dresser l’ange de Iahvé la main étendue pour exterminer. Le prophète Gad conseilla d’élever un autel à Iahvé sur cette aire. Arevna, s’il faut en croire la tradition, voulut donner l’emplacement. David tint à l’acheter, ainsi que les bœufs, les herses, les bois d’attelage qui étaient là, et qui servirent à l’holocauste. Il bâtit ensuite l’autel et y offrit de beaux sacrifices. L’aire d’Arevna est l’endroit même où fût bâti quelques années après le temple de Salomon.

Silo, Béthel, Nob, perdirent, par suite de ces innovations, une partie de leur importance religieuse. Hébron, au contraire, resta la ville sainte de Juda. C’était un de ces principaux centres du culte de Iahvé ; si bien qu’on y allait même de Jérusalem pour accomplir certains vœux faits à Iahvé. Ce qui fut, à ce qu’il semble, centralisé dans la tente sacrée, ce furent les consultations par l’oracle. Passé David, on ne voit plus d’éphod, d’urim et tummim privés. Par suite d’une sorte de progrès de la raison publique, et surtout par l’influence des prophètes, ce grossier usage commençait à passer.

Sans le savoir et sans le vouloir, David travailla donc au progrès religieux. Le sentiment religieux ne paraît pas avoir été supérieur chez David à ce qu’il fut chez Saül et chez ses contemporains. Mais son esprit était plus rassis ; il vit l’inanité de certaines superstitions où se noya le pauvre Saül. Dans la première période de sa vie, il abuse de l’éphod, comme tout le monde. Depuis son établissement définitif à Jérusalem, ou dirait que les sorts par urim et tummim sont supprimés. Les téraphim, intimement liés à l’éphod, disparaissent également.

Nous possédons certainement, dans l’histoire de David, plus d’une page du temps de David même. Ces pages ont un ton raisonnable, presque rationaliste, qui surprend. Il n’y a pas un seul miracle proprement dit dans le fond de l’histoire de David. Tout le