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Philistins ? Les livreras-tu en mes mains ? » Iahvé répondit affirmativement. Les Philistins furent complètement battus ; ils s’enfuirent, laissant sur le champ de bataille leurs insignes religieux, qui tombèrent entre les mains de David.

Une autre fois, les Philistins montèrent et se répandirent dans la plaine des Refaïm. Et David consulta Iahvé, qui lui dit : « Tu ne les attaqueras pas par devant ; tourne leurs derrières, et va jusqu’aux bekaim. Et quand tu entendras le bruit de pas dans les cimes des bekaim, alors donne vivement ; car c’est le moment où Iahvé se mettra à votre tête pour frapper le camp des Philistins. » Et David agit selon l’ordre que Iahvé lui avait donné, et il battit les Philistins de Géba à Gézer. D’autres expéditions eurent lieu encore ; mais nous n’en possédons pas les détails.

Nob, aux portes de Jérusalem, fut le théâtre de beaucoup de ces luttes héroïques. Les légendes qui roulaient autour de cet endroit se rapportaient, en général, à des combats singuliers entre des Israélites et des géans philistins. David absorba plus tard toutes ces légendes. On supposa que, dans son enfance, fort de l’appui de Iahvé, il avait terrassé avec sa fronde un de ces monstres bardés de fer.

A partir de David, les Philistins, tout en continuant leur existence nationale dans leurs cinq villes militaires, et en se montrant par momens des voisins désagréables, cessent d’être un danger permanent pour Israël. David les dompta, mais ne les conquit pas. Il n’est pas certain qu’il ait fait une guerre offensive dans les cantons proprement philistins, ni pris une seule de leurs villes. Mais il leur interdit absolument le pillage d’Israël, et tira de leurs mains « le joug de l’hégémonie. » Les Philistins furent les seuls ennemis avec lesquels David observa les lois de la modération. Il avait conscience de ce qu’il leur devait, et peut-être l’expérience qu’il avait faite de leur supériorité militaire lui inspirait-elle un certain mépris pour les petites bandes hébraïques et araméennes. Cette appréciation de soudard émérite lui suggéra une idée qui eut sur la constitution de la royauté israélite une influence décisive.

Presque tous les états sémitiques, pour durer, ont eu besoin de l’appui d’une milice étrangère, la race sémitique de type arabe, par suite de ses habitudes anarchiques, étant incapable de fournir des gendarmes, des gardes du corps. C’est ainsi que le khalifat de Bagdad fut obligé, depuis le IXe siècle, de prendre à son service des milices turques, aucun Arabe ne voulant se prêter à emprisonner un Arabe, encore moins à le mettre à mort. Ce furent, à ce qu’il semble, des pensées de cet ordre qui portèrent David à lever chez des Philistins un corps de mercenaires, dont il fit ses gardes du corps, et qu’il chargeait des exécutions. C’est ce qu’on appelait