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était pour eux une gêne, un obstacle à la célérité des mouvemens.

Une singulière émulation de gloire s’alluma entre ces hommes, qui, n’ayant plus d’autre métier que la bataille, devinrent des soudards de profession, uniquement occupés à se raconter leurs prouesses et à se surpasser les uns les autres. Les gibborim (les héros, les braves) devinrent comme un groupe d’élite, dont on aspirait à élue. Il y eut une sorte de Légion d’honneur des « trente, » comprenant les plus illustres paladins de David. Parmi ces trente, en en compta trois, les plus illustres de tous, Joab mis à part. C’étaient Jasobeam, le Hakmonite, Éléazar, fils de Dodo, l’Ahohite, Samma, fils de Agé, le Hararite, tous de la tribu de Juda ou de Benjamin. Plusieurs plaçaient dans la même catégorie Abisaï et Benaïah. Du vivant même de David, à ce qu’il semble, se fixèrent par écrit des listes, souvent peu d’accord entre elles, où étaient les noms de ces braves, et les petites anecdotes militaires qui se rattachaient il chacun d’eux.


Voici les noms des gibborim de David :

Jasobeam, le Hakmanite, l’un des capitaines. Ce fut lui qui brandit sa lance sur 800 hommes tués en une seule fois.

Après lui, Éléazar, fils de Dodo, l’Ahohite, l’un des trois gibborim. Il fut avec David à Pas-Dammim. Les Philistins se réunirent là pour le combat et les Israélites se retirèrent. Lui se leva et frappa les Philistins jusqu’à ce que sa main fût engourdie et comme crispée à la garde de son épée. Et Iahvé fit un grand coup de salut en ce jour, et la masse revint se mettre derrière lui, mais pour piller.

Après lui, Samma, fils de Agé, le Hararite. Les Philistins s’étaient rassemblés pour le combat, et il y avait là un champ plein de lentilles, et le peuple fuyait devant les Philistins. Mais lui, il prit position au milieu du champ, et il se défendit, et il battit les Philistins, et Iahvé fit un grand coup de salut.

Et ces trois capitaines descendirent, et ils vinrent trouver David dans la caverne d’Adullam, et la troupe des Philistins campait dans la plaine des Refaïm, et David était alors dans la mesouda, et un poste de Philistins était à Bethléhem. Et David eut un désir, et dit : « Ah ! si je pouvais avoir un peu d’eau du puits de Bethléhem qui est à la porte ! » Alors les trois gibborim se frayèrent un chemin à travers le camp des Philistins, et puisèrent de l’eau du puits de Bethléhem, qui est près de la porte, et ils l’apportèrent à David. Mais celui-ci ne voulut pas la boire, et il en fit une libation à Iahvé, en disant : « Iahvé me préserve d’une pareille chose ! Cette eau est du sang d’hommes, qui l’ont conquise au risque de leur vie. »

Voilà ce qu’ont fait les trois gibborim.