Page:Revue des Deux Mondes - 1888 - tome 88.djvu/246

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ment, sans accepter de prendre une part officielle à une manifestation qui avait trop visiblement un caractère politique, n’a pas refusé de promettre son concours aux industriels espagnols qui voudraient exposer, et le congrès de Madrid a voté une somme de 500,000 francs pour subvenir aux frais de l’exposition espagnole. Les députés de Madrid ont témoigné leur intérêt pour une œuvre française par un vote de bonne volonté et de sympathie. Il ne faudrait pas, sans doute, chercher dans ce vote ce qui n’y est pas et Voir l’Espagne déjà prête à entrer dans une alliance avec la France. Dans le fond, l’Espagne ne veut se laisser enrôler ni dans les coalitions européennes, ni dans une alliance française. Elle tient visiblement à rester neutre et indépendante, libre dans sa politique, — sans s’interdire le plaisir de prendre part à une œuvre qui intéresse l’industrie de toutes les nations.

CH. DE MAZADE.




LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE.


Du 11 au 15 du mois courant, sur la nouvelle d’une aggravation subite dans l’état de l’empereur d’Allemagne Frédéric III, la rente française reculait de 83.30 à 82.95. Le 15, la nouvelle de la mort de l’empereur étant connue avant l’ouverture de la Bourse, le 3 pour 100 s’est relevé de 82.95 à 83.15. Depuis longtemps, cependant, il avait été dit et répété que les espérances les plus fortes dans le maintien de la paix reposaient sur la prolongation des jours de Frédéric III, et que les fonds publics ne pouvaient que baisser le jour où la couronne impériale passerait sur la tête d’un souverain jeune, admirateur passionné du prince de Bismarck, et réputé belliqueux.

Une fois de plus, les faits ont donné tort à la logique, et l’avènement de Guillaume II a produit la hausse, au lieu de la baisse qu’attendaient les vendeurs à découvert.

Mais ce n’est pas sur notre place seulement que l’attitude de la spéculation a ainsi dérouté les prévisions. Les premiers actes du nouveau souverain, ou plutôt ses premières paroles, ont déterminé une véritable explosion de hausse sur les marchés de Vienne, de Berlin et de Francfort.