violoncelle, dont la beauté souriante évoque le souvenir des musiciennes affables rangées par Véronèse autour du salon de la villa Barbaro. D’autres artistes, épris des grâces juvéniles de la forme humaine, sans chercher à y ajouter la poésie des sujets mythologiques ou allégoriques, la présentent avec bonheur en des actions familières qui sont de tous les temps et de tous les lieux. Les Jeunes Baigneuses de M. Escoula composent un morceau délicat et des mieux réussis. La plus grande, une jeune sœur ou une jeune mère, s’avance doucement sur une grève, tenant par la main la plus petite, une fillette d’une dizaine d’années. Celle-ci, pressée contre sa protectrice, serrant ses petites jambes, détourne la tête, par un mouvement bien enfantin, de cette vilaine eau qui lui fait peur. Il n’y a aucune mesquinerie non plus qu’aucune affectation de style dans l’agréable façon dont ces aimables figures en marbre sont rapprochées et modelées. Leur simplicité chaste fait leur plus grand charme. Des qualités du même ordre, une délicatesse naïve, un sentiment pur et respectueux de la beauté virginale, ont fait remarquer la jeune fille de M. Mathet, qui, dans une action semblable, regarde, en levant les bras, par un geste de surprise inquiète, la source où elle va mettre les pieds. Ni le sujet ni le geste de cette Hésitation ne sont nouveaux, mais sujet et geste sont suffisamment renouvelés par la candeur délicate que M. Mathet y a su mettre, l’Hésitation, comme les Baigneuses, est un marbre. Le groupe de Frère et Sœur, deux enfans qui s’embrassent, par M. Albert Lefeuvre, est sculpté en pierre comme les figures naïves de nos cathédrales qu’il rappelle avec bonheur. Ce sont des œuvres définitives. La Muse d’André Chénier, par M. Puech, nous apparaît encore sous sa forme préparatoire ; toutefois on peut déjà penser que ce sera une Muse bien moderne et d’une grâce tout à fait tendre. Malheureusement la façon dont le sujet est compris, quelque habileté que puisse mettre l’artiste à en cacher l’horreur, nous paraît au fond répugner à l’expression plastique. Ce sujet avait déjà été traité, si nous ne nous trompons, par M. Louis-Noël ; en passant par les mains de M. Puech, il n’est pas resté moins lugubre. La Muse de Chénier est assise à terre, tenant entre ses bras et couvrant de baisers la tête coupée du poète guillotiné. Il est vrai que le sculpteur a enveloppé ce chef sanglant d’un long voile, il est vrai que le mouvement par lequel la jeune femme serre contre son sein ce front où il y avait encore tant de choses est un mouvement très souple, extrêmement bien combiné pour dissimuler l’aspect repoussant des tristes restes qu’elle caresse. M. Puech, en homme de goût, a donc senti tout ce qu’il y avait de difficile à sauver dans la réalisation d’une pareille image que la littérature peut évoquer un instant dans la pénombre confuse de l’imagination émue, mais qui ne semble point faite pour être précisée dans une
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