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cultés et sans périls, même pour un tacticien expérimenté. Si M. Sagasta, soit par lassitude, soit par prévoyance, croit le moment venu pour lui de quitter le pouvoir, il n’y a plus que cette alternative : ou bien les conservateurs dirigés par M. Canovas del Castillo reviendront avant peu aux affaires, ou bien il se formera un cabinet avec le ministre de la justice, M. Alonso Martinez, qui représente un libéralisme modéré, les opinions constitutionnelles auxquelles se rallie le général Martinez Campos. Ce serait, dans tous les cas, une expérience nouvelle, et c’est ainsi que les brillantes fêtes de Barcelone ont pour lendemain cette crise ministérielle que la reine et le président du conseil ont trouvée ouverte à Madrid, qui a cela de caractéristique qu’elle est la première crise un peu décisive depuis l’inauguration de la régence espagnole.

CH. DE MAZADE.


LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE.


La liquidation de fin mai s’est effectuée sur notre place, comme sur les marchés étrangers, à l’avantage de la spéculation à la hausse, grâce à l’abondance persistante des capitaux, ainsi qu’à l’apaisement momentané des inquiétudes concernant la situation politique.

Le 3 pour 100 a été porté de 82.85 à 83.32, l’amortissable de 85.80 à 86.20, le 4 1/2 de 105.80 à 106 francs. La progression a été bien plus vive sur les fonds internationaux. L’Italien a monté de 98.20 à 98.75, le Hongrois de 79.60 à 81, le Russe 1880 de 79 à 80, en même temps que les cours du rouble se relevaient vigoureusement à Berlin. L’Extérieure s’est avancée de 70.35 à 71 1/4, le Portugais 3 pour 100 de 62.50 à 63 3/4 ; les valeurs ottomanes elles-mêmes ont légèrement progressé, malgré la confirmation de la nouvelle de la rupture des négociations entre la Porte et la Banque, au sujet d’un nouvel emprunt de 2 millions 1/2 de livres sterling.

On cessait de se préoccuper du discours de M. Tisza, qui, à la fin du mois dernier, avait failli provoquer un incident diplomatique ; mais les discours prononcés à l’ouverture de la session des délégations autrichienne et hongroise à Pesth, par l’empereur François-Joseph et par les présidons des délégations, ont suscité de nouvelles appréhensions.