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L’empire disparu, l’hospice n’eut plus de faveurs à espérer ; ses beaux jours avaient pris fin. En 1816, Victor-Emmanuel lui accorda une rente annuelle de 18,000 francs, à la charge par lui d’abandonner à l’économat royal de Turin tous les bénéfices qu’il tenait du gouvernement français. L’abbé dom Marietti accepta cette transaction, et, laissant quatre de ses religieux à l’hospice pour continuer l’hospitalité envers les voyageurs, se retira avec les autres au couvent de la Novalaise.

Les nouveau-venus, peu soucieux des nobles traditions que leur avaient laissées leurs devanciers, se livrèrent sans frein à tous les excès de l’indiscipline. En 1832, Mgr Billiet, évêque de Maurienne, depuis cardinal et archevêque de Chambéry, témoin de leur inconduite, s’en plaignit vivement à Rome dans un mémoire justificatif de ses griefs. Après une acrimonieuse correspondance engagée à ce sujet, Grégoire XVI, par un bref du 10 janvier 1837, mit fin à cette longue procédure en décrétant la remise de l’hospice sous la direction de l’évêque de Maurienne, qui imposait aux moines l’obligation de payer annuellement à l’hospice une redevance de 10,000 francs. Les moines, à leur départ, se rendirent coupables des déprédations les plus injustifiables et, sans aucun droit, dérobèrent à l’hospice le riche mobilier dont Napoléon l’avait pourvu. Dès lors, l’hospice du Mont-Cenis ne conserva plus que deux prêtres, le prieur de la maison avec un abbé pour coopérateur. En 1860, par suite de la cession de la Savoie à la France, les frontières de cette dernière furent portées au col du Mont-Cenis, et son hospice, qui en est éloigné de 3 kilomètres, se trouva rattaché au territoire de l’Italie.

L’histoire du Mont-Cenis se complète par celle des explorateurs qui, depuis plus d’un siècle, ont appelé l’attention sur cette belle région.


II.

Arduini, Pierre Cornalia, Vitalianus Donati, Allioni, sont les plus anciens naturalistes italiens qui soient venus visiter le Mont-Cenis. Linné les cite parmi les correspondans de son temps qui lui adressaient des plantes pour avoir son avis à leur sujet. Après Allioni, dont une des pérégrinations remonte à 1750, Louis Bellardi, son élève, explora ce point des Alpes, qui attira bientôt après les deux frères Pierre et Ignace Molineri.

Au 14 juillet 1756, La Condamine, membre de l’Académie des Sciences de Paris, fut le premier qui détermina l’altitude du Mont-Cenis. Il trouva à l’hospice 1,943 mètres. Lamanon, physicien et