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LE
POUVOIR EXECUTIF
AUX ETATS-UNIS

« Nous avons notre exécutif, » répondent volontiers les Américains aux critiques dont leurs institutions sont l’objet. La nécessité d’assurer à l’autorité exécutive élue sa juste mesure d’indépendance et d’énergie constitue en effet un problème politique de premier ordre. C’est un grand mérite de l’avoir résolu, ne fût-ce que partiellement. Aucune république démocratique n’y était parvenue jusqu’ici.

Dans un récent ouvrage, très remarqué, Sumner Maine[1] affirme à plusieurs reprises que le gouvernement populaire est le plus fragile et le plus difficile de tous à pratiquer. La difficulté essentielle tient sans conteste à l’organisation du pouvoir exécutif, pierre de touche des constitutions. Quelque libéral ou républicain que soit un peuple, il ne saurait se passer d’être administré et gouverné. Ce n’est pas la liberté seule qui fait sa grandeur et sa force, c’est aussi la part d’autorité consentie à laquelle il sait obéir. Les gouvernemens faibles ne sont-ils pas d’ailleurs les pires ennemis de la vraie liberté ? Constans seulement dans leurs défaillances, toujours à la merci du parti le plus violent, ils deviennent les complaisans ou les complices de toutes les oppressions successives. « Nous avons notre exécutif, » répondent volontiers les Américains aux critiques dont leurs institutions sont l’objet. La nécessité d’assurer à l’autorité exécutive élue sa juste mesure d’indépendance et d’énergie constitue en effet un problème politique de premier ordre. C’est un grand mérite de l’avoir résolu, ne fût-ce que partiellement. Aucune république démocratique n’y était parvenue jusqu’ici.

Dans un récent ouvrage, très remarqué, Sumner Maine[2] affirme à plusieurs reprises que le gouvernement populaire est le plus fragile et le plus difficile de tous à pratiquer. La difficulté essentielle tient sans conteste à l’organisation du pouvoir exécutif, pierre de touche des constitutions. Quelque libéral ou républicain que soit un peuple, il ne saurait se passer d’être administré et gouverné. Ce n’est pas la liberté seule qui fait sa grandeur et sa force, c’est aussi la part d’autorité consentie à laquelle il sait obéir. Les gouvernemens faibles ne sont-ils pas d’ailleurs les pires ennemis de la vraie liberté ? Constans seulement dans leurs défaillances, toujours à la merci du parti le plus violent, ils deviennent les complaisans ou les complices de toutes les oppressions successives.

  1. Sir Henry Sumner Maine, Popular government. London, 1886.
  2. Sir Henry Sumner Maine, Popular government. London, 1886.